Christophe Honoré signe un nouveau long-métrage sur le deuil d’un père et la fin de l’adolescence. Alors interne dans un lycée, Lucas (Paul Kircher) doit rentrer chez lui pour apprendre la mauvaise nouvelle annoncée par son frère Quentin (Vincent Lacoste) et sa mère (Juliette Binoche). Vient alors à Quentin l’idée d’emmener son frère à Paris chez lui pour le faire changer d’air.
Avec cette réalisation osée et des plans originaux, Christophe Honoré met directement les points sur les « i ». La bande son est aussi soignée avec comme musique mythique du défunt, « Irrésistiblement » de Sylvie Vartan qui berce le film. Les nombreux plans caméra au poing et le cadrage très serré nous rapproche de cette famille en deuil. Une intimité se créé entre le spectateur et ce trio de comédiens, en particulier avec le jeune Lucas.
« Ma vie est devenue une bête sauvage qui mord dès qu’on s’approche d’elle. »
L’adolescent se révèle à nous du haut de ses 17 ans comme si nous étions ses amis. Face camera, il est le narrateur de sa propre histoire tout le long de ce drame. Avec des tons rosés et bleutés, la colorimétrie du film nous apaise et rend chacune des actions des personnages douce et innocente.
Une oeuvre intime et sincère
Comme la majorité des œuvres se rapprochant plus ou moins du thème de l’amour et la capacité à grandir dans la bonne direction, une certaine lenteur toujours justifiée s’installe au fil de l’histoire. Ce qui peut parfois rendre le long-métrage encore plus intime et sincère, mais qui peut aussi se retourner contre celui-ci. Malgré un scénario bien ficelé et des personnages intéressants, Christophe Honoré peut perdre le spectateur en laissant toujours le silence décider de tout. Les performances de Vincent Lacoste (Illusions perdues) et de Juliette Binoche (Ouistreham) restent néanmoins remarquables tant leur jeu est rempli de justesse.
Lou-Anne LEBESLE.
« Le lycéen » est en salles depuis le 30 novembre 2022. Durée : 2h02.