Frankenstein est désormais une icône de la culture populaire de l’horreur et du fantastique. Mais la créature du roman de Mary Shelley publié en 1818 est bien plus complexe que l’image que nous en gardons : Georges Bess est là pour nous le rappeler avec son adaptation du roman en BD parue l’année dernière.
Que vous ayez ou non lu le roman de Shelley, cette BD est une œuvre d’art qui redonne ses lettres de noblesse à un monstre qui aujourd’hui appartient plutôt au domaine du kitsch. Gavé des images du golem idiot avec ses deux boulons sur le crâne, nous avons oublié toute la dimension morale de ce personnage, véritable problème philosophique ambulant.
Au début de son existence, le monstre est bienveillant et ne cherche qu’à entrer en contact avec autrui ; mais sa laideur entraîne quiconque l’aperçoit dans une violente réaction, si bien que la créature va réellement devenir le monstre qu’on l’accuse d’être. La relation avec son créateur Victor, entre vénération, haine et dépendance, est elle aussi troublante.
Des illustrations somptueuses, dans un noir et blanc très travaillé
On peut tout de même reprocher à la BD son penchant parfois un peu surfait pour le romantisme et les grands tableaux lyriques où le personnage pose théâtralement dans la tempête ; même si le roman a été écrit durant cette période littéraire, une actualisation du registre aurait été la bienvenue.
Néanmoins, ce reproche permet d’aborder les illustrations somptueuses, dans un noir et blanc très travaillé ; les personnages sont expressifs, les paysages très détaillés et vivants, et le jeu des ombres donne au tout un somptueux aspect gothique.
Un album à la beauté baudelairienne !
Texte et illustration : Charlie PLES.