Frankenstein, l’histoire d’un créateur

En 1816, Mary Wollstonecraft Godwin part en séjour en Suisse. Avec elle, plusieurs amis, notamment Lord Byron et son futur mari, Percy Bysshe Shelley. Alors que le temps se couvre, Lord Byron a une idée pour passer le temps : chacun devrait écrire une histoire horrifique. C’est à cette occasion que la future Mary Shelley écrira la première version de Frankenstein ou le Prométhée moderne. L’oeuvre parait en 1818, comme texte gothique, et connaîtra rapidement un immense succès.

L’histoire est celle du professeur Victor Frankenstein. Après qu’un explorateur, Robert Walton, lui sauve la vie sur la banquise, il raconte comment il a pu en arriver à traquer quelque chose dans les confins les plus reculés de la planète. Frankenstein, jeune suisse étudiant les sciences et excellant dans celles-ci, s’est mis en tête de créer la vie. Il déterra des cadavres, assembla un corps et parvint à l’animer. Ce n’est qu’au moment où il donna la vie à l’amas de chair qu’il regretta sa création. Il était déjà trop tard, cependant.

Le roman invite à réfléchir aux rapports entre créateur et création

Pendant la suite du récit, Victor Frankenstein cherche à fuir sa création, puis à en reprendre le contrôle. Celle-ci, persécutée par les hommes lorsqu’elle aimerait partager leur vie, regrette le don d’existence qui lui a été fait. Elle attire l’attention de son créateur et se venge de lui en assassinant sa famille et ses amis, un par un. A la fin du récit, Victor Frankenstein en est réduit à tout abandonner, pour se lancer dans une traque totale et sans merci : c’est ce qui l’amène jusqu’au pôle Nord.

Lorsqu’on entend « Frankenstein », on ne pense pas au professeur, à la créature

Si l’histoire est déjà entraînante en soi, ce récit se caractérise par son réalisme. Il est en fait très terre-à-terre : les discussions entre le créateur et son oeuvre sont rationnelles et dépourvues de toute mystique.  Il est amusant de remarquer que la victoire du monstre sur le professeur a dépassé le seul cadre du roman : lorsqu’on entend « Frankenstein », on ne pense pas au professeur, mais bien à la créature. De même, les dizaines de films reprenant l’histoire se concentrent bien plus sur la création que le créateur.

Frankenstein ou le Prométhée moderne est donc un roman d’anthologie, aussi remarquable pour sa forme travaillée que pour son fond. Il invite à réfléchir aux rapports entre créateur et création, dans le cadre d’un récit rationnel et violent.

Mathis POUPELIN.

Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley, 1818, Corréard, environ 300 pages.

 

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