Après 16h de train, les montagnes m’ont accueilli par un temps magnifique. J’entamais la marche d’approche*. Temps estimé : 5h. À peine étais-je arrivé à la cabane qu’une averse me poussa à l’intérieur. Ses murs de pierres maçonnées allaient composer mon quotidien pour les jours à venir. J’installe mon couchage et passe ma première nuit, éreinté, bercé par le son des gouttes d’eau sur les tôles du toit.
Si les premiers jours furent dictés par la pluie, limitant les déplacements hors de la cabane, le soir du 3e jour m’offrit une agréable surprise : la neige avait fait son apparition, me régalant au petit matin d’un grand soleil inondant les sommets drapés de blanc aux alentours.
Le quotidien s’articulait beaucoup autour de l’approvisionnement en bois pour la cheminée. Elle apportait chaleur et réconfort dans le foyer. À l’extérieur, la température continuait de descendre pour se stabiliser aux alentours de -10°C. La surface des torrents avait gelée et je devais ouvrir la glace au piolet* pour accéder à l’eau et la filtrer. Le temps s’était épaissi. Dans mon carnet, j’avais écrit :
« Je suis là, coupé du monde, sans réseau ni interactions sociales, sur un plateau où rien ne semblait vouloir bouger. Seul avec mes pensées, j’essaye de faire le point avec moi-même. Il m’aura fallu un certain temps avant de me laisser emplir par le silence en toute sérénité «
Alors que je commençais à peine à trouver une forme d’équilibre, il me fallait redescendre. Cela faisait 6 jours que j’étais là-haut, il me tardait de regagner la civilisation et de profiter du luxe d’une douche chaude.
Texte et photos : Timon MOREAU.
*Marche d’approche : marche réalisée par les grimpeurs pour atteindre les falaises ou les blocs à escalader
**Piolet: Bâton d’alpiniste à bout ferré, garni à l’autre extrémité d’un petit fer de pioche.