Le weekend du 1er juin 2024, la librairie Bulle, au Mans, organisait un évènement spécial : le bouclage d’un numéro de Fluide Glacial avec une partie de l’équipe du journal. Parmi eux, un des maîtres incontestés de la BD d’humour absurde, Daniel Goossens, dont il est ici retracé notre entretien.
« Je singe le sérieux »
Comment avez-vous fait votre entrée à Fluide Glacial ?
J’ai toujours dessiné dans les marges de mes cahiers de cours, avant de pouvoir publier mes premières histoire chez Pilote, la revue de Goscinny. Gotlib, qui était lui aussi passé par Pilote et qui avait fondé son propre journal, m’a repéré et m’a invité à participer à cette aventure. À Fluide, on pouvait se permettre plus de choses qu’à Pilote, et Gotlib adorait mon sens de l’absurde.
« Chez moi, le fond est toujours complètement absurde »
Vos deux personnages les plus connus sont Georges et Louis, inspirés de Bouvard et Pécuchet de Flaubert. Est-ce que vous pouvez nous parler de ces personnages et de l’humour très particulier qui se dégage de leurs albums ?
Au départ, c’était juste une envie. Et puis je me suis mis à réfléchir à ce qui faisait la particularité de l’humour de quelqu’un et je crois que c’est sa cible. Je ne me moque ni d’une classe politique ou sociale, mais d’une certaine mythomanie ordinaire que nous affichons tous dans nos comportements. Je singe le sérieux.
« L’humour et l’absurde échapperont toujours à l’IA »
Ce weekend du 1er juin 2024, vous venez avec vos amis de Fluide au Mans pour dédicacer votre dernier album en date, La Porte de l’Univers. Vous pouvez nous en parler ?
C’est un peu le même esprit ; il s’agit d’un comique déchu qui tente de retrouver la gloire. Ça ressemble à ce genre de cinéma des Trente Glorieuses dont j’aime me moquer, avec des situations types. Mais chez moi, le fond est toujours complètement absurde ; par exemple, mon personnage de Robert Cognard se retrouve en procès à cause d’un gag de la punaise qui a mal tourné.
En parallèle de vos BD, vous étiez professeur spécialisé dans les Intelligences Artificielles. C’est étonnant lorsqu’on sait les inquiétudes que nourrissent les bédéastes à leur égard.
Justement, en tant que spécialiste, je ne suis pas trop inquiété, car l’humour et l’absurde, par nature, échapperont toujours à l’IA.
Propos recueillis par Charlie PLÈS.
Nous nous quittons sur une dégustation de rillettes (« De porc ! insiste Samuel Chauveau, responsable de la librairie Bulle. Sinon, ce ne sont pas des rillettes du Mans ! »)
Retrouvez l’intégralité de cette interview prochainement dans l’émission C’est d’Actu de Robin Hulin sur Radio Alpa Le Mans 107.3 FM.