Mythologies : une société démasquée

Mythologies est un recueil de courts essais de Roland Barthes, publié en 1957 et accompagné d’un essai plus long où il développe ce qu’il entend par cette notion de mythe : l’instauration par le langage et la culture d’une réalité bourgeoise qui sert l’économie capitaliste.

Des mythes au service de l’idéologie bourgeoise

En pleine Trente Glorieuses (bien que cette expression ait été attribuée à cette période plus tard par les historiens), Roland Barthes témoigne de l’avènement de l’ère de la surconsommation, du superflu et de la médiocrité.

Dans cette cinquantaine de petits textes, il s’attarde sur des éléments qui peuvent sembler anecdotiques, mais qui portent en eux toute une signification qui sert l’idéologie bourgeoise : la publicité, le steak-frites, l’astrologie, Greta Garbo, le vin et le lait, le Tour de France…

Tous ces éléments sont ce que Barthes appelle des « mythes », c’est-à-dire des constructions linguistiques et culturelles, porteuses de représentations instituées par la classe dominante qui standardisent (voire héroïsent) ainsi ses valeurs et ses intérêts.

Des textes d’une intelligence jouissive et encore actuels

Avec une ironie non dépourvue de cynisme, et un talent admirable pour l’analyse de toute signification cryptée, Barthes démasque habilement l’hypocrisie et la violence de toute une société dont les thèmes restent malheureusement très actuels.

On notera, au milieu des analyses des discours libéraux, publicitaires ou élitistes, d’autres présences plus sombres encore, celles du colonialisme et du poujadisme. Ainsi l’extrême-droite, dans sa prétendue opposition au système, rôde pourtant du côté de la classe dominante…

En tout cas, tous ces petits textes sont d’une intelligence jouissive et toujours d’actualité. Le livre se termine sur un essai plus long, « Le Mythe, aujourd’hui », où Barthes explique plus en détail son concept. Un texte qui aurait mérité d’être placé en ouverture afin de mieux saisir la démarche de ces Mythologies.

Texte et illustration : Charlie PLÈS.

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