Certains l’aiment noir est une anthologie du dessinateur Philippe Foerster, parue aux éditions Fluide Glacial et regorgeant de courtes histoires d’horreur en bande dessinée, où l’humour noir se mêle aux cauchemars.
Foerster se démarque parmi les dessinateurs de la bande de Fluide Glacial ; en effet, ce magazine devenu maison d’édition de bande dessinée, fondé par le grand Marcel Gotlib, est avant tout orienté sur l’humour (« humour et bandessinée » sous-titre le magazine). Or, il faut avoir un sens de l’humour particulièrement acéré pour rire aux contes étranges de Foerster.
Une imagination débordante et tordue
Si certaines de ses couvertures ont été publiées en couleur, vous trouverez la plupart du temps ses planches en noir et blanc. Foerster est un maître de l’encrage et souligne avec dextérité les ombres de son décor et sur les visages de ses personnages, dont les expressions sont parfois totalement cauchemardesques.
D’une imagination débordante et tordue, Foerster donne vie à des créatures monstrueuses et loufoques, à des perspectives incongrues, à des architectures impossibles, à des terreurs innommables, toujours avec cet arrière-goût doux-amer de son humour noir, d’où vient peut-être le titre de l’anthologie : Fluide glacial propose de l’humour pour tous les goûts, et certains l’aiment noir…
Foerster a compris que la peur nous ressemble
Si les monstres de Foerster sont si effrayants, c’est sans doute parce qu’ils incarnent des peurs qui ont notre visage ; un enfant martyrisé qui se transforme en démon, une mère trop protectrice qui revient hanter son fils, un raté abandonné par son propre squelette… Foerster a compris que la peur nous ressemble et, avec son ironie et son trait de scientifique fou, parvient à créer un miroir déformant dans lequel nous ne pouvons qu’hurler devant notre propre reflet.
À l’instar d’Edika, Foerster est une de mes plus grandes inspirations.
Texte et illustration : Charlie PLÈS