En cette fin d’été, quoi de mieux que de voyager une dernière fois, cette fois-ci, à travers le temps et de retomber en enfance ? Dans le roman « L’Opoponax » de Monique Wittig, publié en 1964, le lecteur suit le quotidien d’une dizaine d’enfants dans un petit village de campagne, leur évolution et leur découverte du monde.
A première vue, « L’opoponax » peut paraître déroutant. En effet, les pronoms « Je, Tu, Il, Elle, Nous, Vous, Ils, Elles » ne sont quasiment pas utilisés et font place à l’utilisation omniprésente du « On ». Par ailleurs, le roman porte le nom d’une fleur à laquelle il n’est rattaché aucune symbolique particulière.
L’utilisation du « On » perturbe le lecteur
Pourquoi ce « On » ? Le « On » est omniprésent dans le langage courant et parlé. Il est pourtant proscrit à l’écrit : on apprend aux enfants à utiliser le « Nous » considéré comme plus élégant. Le « On » est aussi source d’ambiguïté dans le texte. Qui parle ? Nous ? Ils ? Elles ? Quelqu’un d’anonyme ? Le « On » perturbe le lecteur et permet ainsi de mettre en question la littérature et le langage. L’individualité n’est pas marquée puisque les enfants ne sont pas assez matures pour comprendre le monde qui les entoure. Ainsi, le style marque l’observation au peigne fin de l’enfant vis-à-vis de son environnement, l’éveil de sa conscience.
L’opoponax, une allégorie de l’insaisissable et de l’indicible
Et pourquoi choisir « L’Opoponax » comme titre ? Cette fleur avant l’œuvre de Wittig était totalement dénuée de sens symbolique. L’autrice a donc pu lui insuffler sa propre signification de toutes les émotions et de toutes les sensations qui sont présentes durant l’enfance et l’âge adulte sur lesquelles il est difficile de s’exprimer. Ainsi, l’Opoponax finit par devenir une allégorie de l’insaisissable et de l’indicible.
Texte et photo : Constance JOSSE.
« L’Opoponax » de Monique Wittig publié aux éditions de « Minuit », 265 pages.