Les enfants de l’empereur : un bûcher des vanités superficiel

 Avec cette plongée dans l’élite médiatique new-yorkaise, Claire Messud laisse le lecteur sur sa faim, à cause de la superficialité des personnages. 

Les enfants de l’empereur met en scène une galerie de personnages dévorés par l’ambition. Danielle, Marina et Julius ont étudié dans les universités de l’Ivy League et rêvent d’embrasser une brillante carrière journalistique.  

Danielle rêve de réaliser de grands reportages à l’étranger. Marina n’arrive pas à terminer son essai et enchaîne les échecs amoureux. Enfin, Julius enchaîne les piges pour la presse culturelle.

En contrepoint de ce microcosme, nous suivons la trajectoire de Bootie, un jeune étudiant brillant. Il décide de renouer avec son oncle, Murray, qui est aussi le père de Marina. Cet essayiste est érigé en repère moral de l’intelligentsia démocrate. Bootie se rend compte de la profonde médiocrité de ce petit monde journalistique, qui préfère Narcisse à Albert Londres. Planant comme une menace sourde dans le récit, le 11 septembre sonnera la fin des années dorées pour cette élite new-yorkaise.

Enfermés dans une boule à neige, les personnages se débattent dans des intrigues assez ténues. Très vite, la fresque d’un milieu médiatique destructeur laisse la place à des marivaudages amoureux qui rappellent plus Sex and the City que Le bûcher des vanités de Tom Wolfe. La superficialité de cette brochette de célibataires infantiles agace. 

Marina et Danielle ont beau avoir 30 ans, elles se comportent comme des pâles copies de Blair et Serena dans Gossip Girl. Les deux journalistes sabotent leur amitié pour des histoires ridicules, au cœur desquelles rôde un brun ténébreux qui aiguise les jalousies. Quant à Julius, il est réduit à l’archétype de l’homosexuel forcément extravagant – il porte une “cravate à fleurs” -, névrosé et nympho. Il saute sur tous les garçons séduisants qu’il croise, mais l’autrice, adepte des circonvolutions – ou plutôt masturbations – stylistiques, préfère écrire qu’il “voyait une fois de plus la main d’Eros partout”. 

Ce roman est agréable à lire et comporte plein de choses intéressantes sur le milieu du journalisme. Mais la critique sociale et les failles des personnages ne sont qu’effleurées. Dommage. 

 

Ismaël EL BOU – COTTEREAU
Crédits image mise en avant : LISA COHEN/PENGUIN BOOKS.

Les enfants de l’empereur (2008) de Claire Messud (éditions Folio, 710 pages). 

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