Gossip Girl, une série moins superficielle qu’elle n’en a l’air ?

Diffusée entre 2007 et 2012, Gossip Girl reste une référence de la pop culture. Souvent présentée comme un « plaisir coupable », cette série devenue culte s’est attirée les foudres de certains, à l’instar du journaliste de France Culture Philippe Petit qui déclarait : « Elle ronge les apparences dans ce qu’elles ont de plus trivial, de plus faux, de plus futile, de plus niais, de plus égocentrique, de plus pervers, de plus implacable : la psychologie des midinettes et des jeunes garçons arrogants à la portée des caniches. » Mais Gossip Girl n’est pas une simple coquille vide pour adolescents décérébrés.

Une satire au ton parfois corrosif

L’intrigue de départ est très mince. La lycéenne Serena revient à New York après un an d’absence et replonge dans le théâtre social de l’Upper East Side* alimenté par les mondanités et autres potins du blog « Gossip girl ». En contrepoint, nous suivons les Humphrey qui oscilleront entre mépris pour cette jeunesse dorée et volonté d’intégrer les codes dominants. A cela s’ajoute une imbrication d’intrigues amoureuses à la Marivaux avec son lot de quiproquos et autres fausses confidences.

Un manque de réalisme criant mais assumé

Gossip Girl fait partie de ces séries qu’on adore détester. Certes, beaucoup d’intrigues ne sont pas crédibles et les plus « pauvres » vivent dans un loft à Brooklyn. Certes, la série encapsule une vie estudiantine mythifiée dans laquelle se débattent ces adolescentes au physique de mannequin et ces jeunes éphèbes au flegme à la fois nonchalant et inconstant qui vont à Columbia sans travailler.  Ce n’est pas « réaliste », et alors ? Ce n’est pas la prétention de Gossip Girl qui accumule les stéréotypes pour ensuite les renverser et gratter le cynisme du masque social. C’est une satire au ton parfois corrosif (notamment dans la description d’un système scolaire américain injuste et délirant).

Le remake de 2021 tiendra compte de l’évolution de la société

Au-delà de son efficacité et ses dialogues incisifs, Gossip Girl est symptomatique de ces séries américaines à la lisière de la transgression et du conformisme. Le seul personnage homosexuel est totalement invisibilisé et ramené au statut de dépressif suicidaire. Comme dans « Desperate Housewifes », la question de l’avortement n’est jamais posée. Mais surtout, cette série participe dès l’épisode pilote à la culture du viol en euphémisant les agressions sexuelles.

C’est peut-être pour cela qu’un remake de la série sera bientôt diffusé, prenant en compte les changements de la société entre 2007 et le mouvement « Metoo ».

Malgré ses défauts et ses aspects très problématiques, GG reste une série culte. N’en déplaise aux grincheux enferrés dans leur snobisme de pacotille. XO XO.

Ismaël EL BOU – COTTEREAU.

Les 6 saisons de Gossip Girl (121 épisodes) sont disponibles en intégralité sur Netflix.

*Quartier résidentiel chic de New York.

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