Paru en 1942, Le mythe de Sisyphe est un essai philosophique d’Albert Camus. Cet écrit fait partie du « cycle de l’absurde » avec L’Étranger, Caligula, le Malentendu. L’ouvrage est crucial pour comprendre le cycle de l’absurde.
Une profonde réflexion
Ce récit établit un lien clairvoyant entre le suicide et la mythologie. Par ailleurs, l’ouvrage recueille des réflexions quant à la question du suicide traitée par certains philosophes, tels que Nietzsche ou Schopenhauer. Lors des prémices de son œuvre, l’auteur annonce déjà son but :
« Je ne m’intéresse pas au suicide philosophique, mais au suicide tout court. Je veux seulement le purger de son contenu d’émotions et connaître sa logique et son honnêteté. »
En effet, c’est dans une démarche sincère et didactique que l’écrivain accompagne le lecteur dans une profonde réflexion. Ainsi, c’est avec une grande habilité que l’univers camusien établit un raisonnement et des réponses sur un sujet pourtant très sensible.
L’homme doit accepter sa condition inexorable pour la dépasser
Selon Camus, la condition humaine se caractérise par son absurdité. Par conséquent, la recherche perpétuelle d’un sens à l’existence des hommes mène à l’absurdité. Autrement dit, comme le monde est dépourvu de sens, la quête d’une signification à la vie est stérile.
En premier lieu, il apparaît que le suicide constitue finalement la résolution d’une existence vaine. Cependant, l’ouvrage offre une grille de lecture bien plus salvatrice. Certes, Camus réfute le sens de l’existence, mais il ne prétend pas que l’homme doit se résigner au point de mettre fin à sa vie, bien au contraire. L’homme doit se révolter face à cette absurdité. Soit, tel Sisyphe condamné par les dieux à pousser un rocher, l’homme doit accepter sa condition inexorable pour la dépasser. Le personnage de Sisyphe perçoit son bonheur dans l’accomplissement de son labeur et non dans le sens de celui-ci.
Un appendice dédié à Franz Kafka
Une partie du récit aborde les relations entre espoirs et absurde dans les ouvrages de l’écrivain tchèque. En outre, Camus exprime clairement que Le Procès mais aussi La Métamorphose de Kafka symbolisent le mouvement l’absurde. Ainsi, l’auteur du cycle de l’absurde réalise une analyse critique, clôturant à merveille cet essai suscitant l’introspection.
Texte et photo de couverture : Caroline KERMEN.
Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus, Édition Gallimard, collection folio essais, 187 pages.