Kafka et sa Métamorphose : l’étrange pour devenir autre

La Métamorphose de Kafka est une longue nouvelle (ou un court roman) qui plonge de plain-pied dans le registre fantastique, propre à cet auteur majeur du XXe siècle. Un récit accessible et court, qui fait plaisir et réfléchir et nous permet, peut-être, notre propre transformation.

Gregor Samsa se réveille un matin et se découvre (non sans une certaine lassitude teintée d’inconscience) dans la peau d’un gros scarabée. Sans autre forme de procès, Kafka plonge le lecteur dans du fantastique pur et dur, un genre qui mérite davantage d’ailleurs le terme de « surnaturel », puisqu’il est ici pleinement assumé, à la différence du véritable genre fantastique à l’ambiguïté caractéristique.

Une œuvre psychologique et réflective

N’attendez pas d’explication à cette métamorphose : aucune réponse ne vous sera donnée. L’intérêt de cette nouvelle n’est pas dans les réponses qu’elle cache, mais dans les questions qu’elle soulève. Non pas : « Pourquoi un homme se réveille-t-il en scarabée ? » mais « Qu’est-ce qu’être un scarabée pour les autres ? » ou encore « Comment vit-on le changement et la différence ? ». Vous l’aurez peut-être compris, La Métamorphose est une nouvelle davantage psychologique que factuelle, réflexive plutôt que distrayante. Une observation de l’exclusion, le tableau d’un être que tous ses proches renient et qui est contraint de demeurer caché de la vue de tous, à s’oublier lui-même et à se laisser pourrir.

Emmener l’esprit du lecteur en balade

Ceci n’est cependant qu’une interprétation personnelle d’une histoire qui, par sa simplicité, son accessibilité et sa singularité, ouvre la porte à une foule d’intentions possibles. Parmi toutes, peut-être l’une d’entre elles est la bonne. Peut-être pas. Peut-être Kafka n’avait-il d’autre intention que de créer de l’intention ? La première fonction de la fiction n’est-elle pas d’emmener l’esprit en balade ? Peut-être Kafka ouvrait-il simplement une fenêtre pour que les scarabées dans notre tête arrêtent de ramper, muent, et s’envolent.

Charlie PLÈS.
Illustration : Charlie Plès.

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