Feu : le récit brut d’une passion banale

Laure, professeur à la Fac, et Clément, travaillant dans la finance entame une relation. Une rencontre peu romanesque via les sites de rencontres. Ils s’apprivoisent, vivent passionnément cette relation. En parallèle, Laure doit composer avec un mari, un métier, une fille, qu’elle ne supporte plus. À 40 ans, elle a l’impression de n’avoir jamais été la maîtresse de sa vie. Clément lui, seul avec son chien, vit un quotidien routinier à la Paris-La Défense, dans un métier qu’il ne comprend pas,. Il n’a que pour occupation la pornographie et sa haine pour sa mère.

Une passion atypique, des amants ordinaires

Feu est un roman brut. L’écriture de Maria Pourchet est nerveuse. L’autrice va à l’essentiel et n’use pas de superlatifs. Elle fait le choix d’une narration inattendue. Une narration double, changeante selon les chapitres. Lorsqu’ils concernent le point de vue de la femme, elle utilise alors le « tu », on lit l’introspection de Laure. Quant aux chapitres sur Clément, Maria Pourchet installe un dialogue avec son chien, au nom de « Papa », fruit de quelques confusions pour le lecteur.

Un style d’écriture en symbiose avec la simplicité des événements et des personnages

Cet esprit de synthétisme est mis au service de l’histoire, une histoire elle aussi brute et simple. Il ne s’agit pas d’une romance, il n’y a de place que pour la passion. Comme le reste, les personnages sont communs. Laure et Clément n’en rien de romanesques, ils ne sont pas particulièrement beaux et manquent d’envergure. Le récit est simple, mais c’est là qu’il puise toute sa force, et paradoxalement, toute son originalité. L’autrice dépeint ici des personnages souvent mis de coté. Tous les deux ont plus de 40 ans, Laure ne s’épanouit pas dans la maternité. L’histoire se déroule dans Paris, pas celui d’Emily in Paris, non, le Paris du métro et des trottoirs sales.

Feu est un livre qui mérite de l’attention. L’écriture synthétique de Maria Pourchet amène les émotions de façon brute. Son style est en symbiose avec la simplicité des événements et des protagonistes. Ce roman fascine par sa forme et réserve quelques flamboyantes surprises.

Enzo HUBERT.

Feu de Maria Pourchet (2021), Fayard, 358 pages.

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