Depuis plus de 40 ans, Dalila Grine exerce son métier d’aide-soignante auprès des personnes âgées. Retour sur une carrière animée par le goût des autres.
« J’ai trouvé du travail dans un service d’aide à domicile, au Mans. Tout était rose au début », confie-t-elle. Cependant, certains patients ne mangent pas et vivent dans des conditions lamentables. « Cela fait partie d’une sorte de misère fantôme que personne ne veut voir. »
« Certains résidents sont plus dépendants que d’autres »
Dalila rejoint ensuite une autre structure située à Sainte-Jamme-Sur-Sarthe, pendant 7 ans. « Les choses sont différentes en milieu rural. Il y a plus de solidarité, moins d’individualisme. Les personnes âgées sont moins délaissées », explique-t-elle. L’aide-soignante revient enfin au Mans où elle entre dans une résidence services senior qui compte aujourd’hui 29 personnes âgées. « Certains résidents sont plus dépendants que d’autres. Nous effectuons parfois des toilettes alitées, prenons en charge les incontinences et même les troubles de la déglutition. »
« La notion de bienveillance est au cœur de mon métier »
De toutes ces expériences, Dalila a énormément appris : « J’ai compris que la notion de bienveillance était au cœur de mon métier, lors des bons ou des mauvais moments », assure-t-elle, avant de préciser que certains d’entre eux ne voient jamais leurs familles. Lors du dîner de Noël 2024, elle est restée avec les résidents deux heures au-delà de la fin de son service. « Une collègue a fait la même chose. Nous ne les voyions pas les coucher à 20h30 le soir de Noël. »
Savoir maintenir la distance nécessaire à son bien-être
Au fil des ans, des liens se sont noués : « Les personnes âgées sont ma deuxième famille. » Dalila se souvient ainsi d’Elisabeth, une résidente qu’elle décrit comme une femme « exceptionnelle, juste et positive. Elle avait toujours un petit mot, une petite caresse sur la joue. »
Avec les années, Dalila a toutefois appris à maintenir la distance nécessaire à son bien-être : « C’est indispensable. Le soir, lorsque je rentre chez moi, c’est fini. Il faut savoir se protéger. »
À moins d’un an de son départ, la fatigue se fait sentir. De là à tout arrêter… « Pas sûr », conclut Dalila. Si elle reste en Sarthe, la jeune retraitée pourrait rejoindre l’association des « blouses roses » qui intervient auprès des personnes hospitalisées ou qui propose de devenir famille d’accueil.
Texte et photos : Calypso BARREAU.
La première partie du témoignage est publiée ici.