Herman Melville est connu principalement pour son œuvre Moby Dick. Sa nouvelle Bartleby, moins célèbre mais très appréciée dans le milieu littéraire, a été adaptée en bande dessinée par José-Luis Munuera.
« Je préférerais pas » : le refrain énigmatique qui rythme la nouvelle
A Wall Street, au milieu du XIXème siècle (l’œuvre originale de Melville est parue en 1853), un notaire engage comme clerc un dénommé Bartleby dont on ne sait rien. Peu loquace, le jeune scribe passe son temps à copier, et lorsque le notaire lui demande d’effectuer une autre tâche, il répond systématiquement par « Je préférerais pas » (« I prefer not to » en VO).
Ce refrain énigmatique ponctue tout le récit et plonge le notaire dans l’incompréhension totale. Bartleby va même jusqu’à arrêter d’écrire et se contenter de regarder par la fenêtre de son bureau, fenêtre qui ne donne que sur un mur de briques. La fin, déchirante, achève d’ériger le mur comme symbole central de l’œuvre. Un mur vers lequel Wall Street fonce, à l’approche de 1929…
Une ambiance sombre renforcée par les illustrations
Ces personnages énigmatiques, qui ne semblent avoir qu’une existence symbolique dont on ne comprend pas nécessairement le sens, sont particulièrement fascinants. De plus, le dessin, tant au niveau des personnages que des décors ou de la couleur, participe grandement à l’ambiance sourde, menaçante et triste de Bartleby.
Si la lecture de la nouvelle de Melville apporterait forcément un nouvel éclairage pour apprécier cette bande dessinée, elle n’est pas nécessaire. Cette lacune n’empêche pas de dévorer l’œuvre poétique et mélancolique de Munuera. Une très belle BD.
Texte et illustration : Charlie Plès.