Seize printemps : un navet mégalo et pseudo intello

A 21 ans, Suzanne Lindon s’essaye au cinéma et au jeu avec « Seize printemps », son premier long métrage. Malgré de belles intentions et une désuétude charmante, la jeune femme se prend les pieds dans le tapis avec ce navet sentimental indigeste. 

Des enjeux scénaristiques et dramaturgiques minces

La lycéenne Suzanne s’ennuie ferme avec les gens de son âge. Elle va rompre sa routine bourgeoise en tombant amoureuse d’un beau comédien de théâtre de 35 ans, incarné par Arnaud Valois. Emaillé de références prestigieuses, Seize printemps propose des enjeux scénaristiques et dramaturgiques aussi minces qu’une feuille de papier à cigarette. On a du mal à s’intéresser à cet amour platonique désincarné et entrecoupé de scènes de danses ou de chorégraphies de mains d’un ridicule gênant.

Presque tout sonne faux dans ce film creux et indigent. Suzanne Lindon joue mal, entre intonations de voix soit-disant sensuelles et mimiques insupportables. N’est pas Charlotte Gainsbourg qui veut. Sans parler des dialogues d’une profondeur abyssale : « Tu vas bien ? Oui je vais bien/ Alors je vais bien », ou encore « « Tu as un nouveau grain de beauté sur la peau/ Oui, je te l’offre ». 

Le propos du film peut se résumer ainsi : le langage du corps est plus puissant que la parole et on ne tombe pas amoureux de la vraie personne mais de son image fantasmée. Merci pour cette philosophie de comptoir qui se prend au sérieux.

 

Une bulle narcissique, un film d’un ennui profond

Certaines scènes, comme celle de la « Boum » ou celle sur les analyses vaseuses d’un chef décorateur sont réussies et on se laisse emporter quelques secondes par cette esthétique surannée. Mais « Seize printemps » n’est qu’une bulle narcissique et nombriliste. Les autres personnages sont écrasés par une Suzanne dont on se contrefiche : elle boit des diabolo grenadine, pose un regard méprisant sur ses camarades, se balade avec un livre de Boris Vian et demande à sa mère de lui payer des petits déjeuner en terrasse. Tout cela est d’un ennui profond. Heureusement, cette épreuve pour le spectateur ne dure qu’une heure et des poussières. 

Vu la faiblesse du film, il est difficile de ne pas évoquer le népotisme* dont a pu bénéficier Suzanne Lindon pour trouver des financements, avoir une couverture médiatique importante et être sélectionnée au festival de Cannes. 

Ismaël EL BOU – COTTEREAU. 

« Seize printemps » de Suzanne Lindon, au cinéma depuis le mercredi 16 juin. Durée : 1h14.

*Suzanne Lindon est la fille de Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain.

Lire également : https://www.vitav.fr/seize-printemps-la-tete-et-le-coeur-dans-les-nuages/

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *