Antigone, un « non » pour la liberté

Dans sa tragédie Antigone, Jean Anouilh reprend avec brio le mythe de Sophocle. Entre légalité et légitimité, ce sont deux figures qui s’opposent. L’auteur signe une oeuvre magistrale et essentielle.

L’histoire d’Antigone était déjà joué dans les théâtres romains dès le Ve siècle avant notre ère. En réécrivant ce mythe en 1944, Jean Anouilh lui apporte un élan moderne et refait passer « la petite Antigone » sur le devant de la scène.

Une désacralisation des personnages

Antigone est la fille cadette d’Oedipe, celui qui a tué son père et épousé sa mère. Son oncle, Créon, est le roi de Thèbes. Tous les deux auparavant magnifiés par Sophocle se retrouvent réduits à de simples personnages par Anouilh. Antigone la courageuse laisse place à une petite Antigone, vacillante et peureuse. En face d’elle, sa majesté Créon devient un simple ouvrier, contraint d’assumer son rôle de roi et bien navré de devoir le faire. Les gardes du palais sont aussi complètement métamorphosés. Ils montrent, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, comment des soldats peuvent devenir insensibles face à l’injustice tant qu’ils peuvent vivre tranquillement.

Une remise en question de la notion de justice

Dans la pièce, deux mondes s’affrontent. D’un côté, Antigone incarne le combat pour le droit naturel, de l’autre, Créon veut faire respecter la loi des Hommes, bien que parfois inique. Ainsi, faut-il obéir aux lois que lorsqu’elles nous semblent morales ? Faut-il rester dans la légalité même si l’on doit pour cela faire les pires atrocités ? Ce monde est-il assez beau pour continuer notre existence ? Se sacrifier pour une cause est-ce avoir du courage ? Beaucoup de questions auxquelles tente de répondre cette oeuvre magistrale, essentielle pour comprendre comment doit être organisée la justice, en nous montrant que tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.

Texte et photo : Julian ATZENHOFFER

Antigone, 1944, Jean Anouilh, Editions La Table Ronde, 128 pages

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *