Marie Robert, auteure de deux livres de désacralisation de la philosophie*, a donné une interview à vitav.fr. Morceaux choisis.
« Notre vie est remplie de réflexions philosophiques »
Beaucoup parlent de « vulgarisation » pour qualifier vos livres et votre démarche. Pourquoi est-ce si important pour vous de parler de « désacralisation » ?
Derrière la vulgarisation, il y a toujours l’idée qu’on fait un peu moins bien. Ce n’est pas ce que j’ai envie de faire. La philosophie a un caractère un peu sacré qui la fige et qui la met à distance. J’ai envie de la remettre sur terre : quand on parle du désir par exemple, on parle de choses du quotidien et on peut y penser juste cinq minutes sous sa douche, en étant dans le métro… Notre vie est remplie de réflexions philosophiques. Quand on se met à l’écart d’une situation simplement pour réfléchir, on est déjà en train de faire de la philosophie !
Vous commencez aussi à développer des podcasts…
Je voulais vraiment travailler sur la multiplication des supports. Quoi qu’on en dise, les livres restent un support particulier qui n’est pas forcément accessible à tous. Le podcast est également un format moins figé que l’écrit. Pour l’instant, j’ai développé des notions comme l’amour, l’audace. J’ai aussi envie d’inviter des gens pour voir comment ils explorent eux-mêmes la notion dans leur existence. C’est un format à la fois créatif et récréatif.
À vous lire, on a l’impression que la notion qui vous fascine le plus est celle d’autrui, le mystère qu’implique notre rapport aux autres.
Oui, c’est ce qui m’intéresse le plus. On me demande toujours la différence entre la psychologie et la philosophie. Je réponds que la psycho c’est « qui suis-je ? » et la philo c’est « qui sommes-nous ? ». L’altérité est ce qui m’intéresse ; ce qui n’est pas moi me fascine. Je ne suis jamais rassurée par la ressemblance. C’est à travers l’altérité que je parviens à me définir, à comprendre qui je suis.
Propos recueillis par Ismaël EL BOU – COTTEREAU, à Paris.
*Kant tu ne sais plus quoi faire et Descartes pour les jours de doutes aux éditions Flammarion.
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Photo de couverture : Charlotte Jolly de Rosnay/Flammarion.
Photo article : Ismaël El Bou – Cottereau.