Yellowjackets : une série addictive entre survie et cannibalisme

La série de Ashley Lyle et Bart Nickerson, immense succès aux Etats-Unis, est maintenant disponible sur Canal +. Yellowjackets est à la hauteur des attentes grâce à son mélange des genres et son sens redoutable de la dramaturgie.  

L’intrigue entrelace deux lignes temporelles. En 1996, l’avion qui emmène une équipe féminine de football à Seattle pour un match important se crashe en pleine forêt. Les secours n’arriveront que dans 19 mois. Le coach et les adolescentes devront survivre dans un milieu hostile. Mais à quel prix ? C’est cette question qui hante les quatre rescapées 25 ans plus tard. Il y a Shauna, une mère au foyer tout droit sortie d’un roman de Laura Kasischke, du genre à tuer impulsivement un lapin dans son jardin pour le servir à dîner. Mais aussi Taissa –  une politicienne rattrapée par des pulsions étranges -; Nathalie – qui sort de sa cure de désintoxication -, et enfin Misty, une brillante – et inquiétante – sociopathe. Elles reçoivent des lettres anonymes qui menacent de révéler le secret qui les unie: comment ont-elles survécu pendant 19 mois dans la forêt ? Les retours en arrière s’attachent en effet à troubler le spectateur.  Que sont devenus les autres passagers ? Faisaient-elles des orgies éclaboussées d’hémoglobine ? Des rituels sacrificiels ? Des chasses à l’homme à la Hunger Games qui débouchaient sur des séances de cannibalisme ?

Le mystère est distillé tout au long des dix épisodes d’une série qui multiplie les références (Lost, Sa majesté des mouches) et les genres (conte survivaliste, fantastique, gore…).

A priori indigeste, ce mélange est en réalité terriblement addictif et efficace. Yellowjackets dérive sans cesse à la frontière du réel et comporte des scènes horrifiques extrêmement réussies.

Bien sûr, la série a des faiblesses, notamment dans l’échiquier des personnages d’adolescentes qui ne s’émancipe pas vraiment des balises du « teen drama » : on y trouve la populaire, l’ambitieuse, la grenouille de bénitier, la fille « bizarre » sans amis… De plus, les intrigues amoureuses ne sont pas toujours très intéressantes, malgré une description assez juste de la tension sexuelle qui règne dans le camp. Comme dans Les proies, l’entraîneur subit une émasculation symbolique et devient une machine à fantasmes érotiques chez certaines. 

A la fin du visionnage, le spectateur est encore hanté par une masse de mystères et de théories. Mais heureusement,  une deuxième saison est en préparation. 

Ismaël EL BOU – COTTEREAU.

Yellowjackets, (10 épisodes de 50 minutes), disponible depuis le 3 mars 2022 sur Canal +.

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