Un an après un roman en demi-teinte, Colombe Schneck revient avec Deux petites bourgeoises à ce qu’elle sait faire de mieux : proposer une fiction qui puise dans une matière autobiographique. Ce « roman sur la bourgeoisie que l’on méprise, l’amitié que l’on mésestime et la mort que l’on cache » se lit le cœur serré.
« Les bourgeois, c’est comme les cochons. Plus ça devient vieux, plus ça devient bête », chantait Jacques Brel.
Dans son texte, Colombe Schneck fait référence à Brel et aux idées reçues sur le bourgeois que l’on dit « conventionnel, étriqué et médiocre ». Ici, nulle analyse sociologique didactique. Colombe Schneck ne se place pas du côté de l’essai mais du roman en collectionnant les anecdotes, en maniant l’ironie et en mettant en scène ses « deux petites bourgeoises » aussi agaçantes qu’attachantes.
Héloïse et Esther sont amies depuis qu’elles ont onze ans. Elles grandissent dans de beaux appartements parisiens, font de bonnes études (l’Ecole alsacienne et Sciences Po), déjeunent au Select et sont avides d’ambition et de liberté, mais finissent par embrasser une existence conformiste. Elles assument une part d’insouciance et de futilité : « elles n’étaient pas des filles cools, engagées, militantes, elles étaient des filles qui recherchaient l’amour des garçons« . Mais à même pas 50 ans, Héloïse est gravement malade et se sait condamnée.
Un roman qui fait ressortir des émotions universelles
Au sein d’une narration resserrée et bercée par une « petite musique » à la Sagan, Colombe Schneck réussit à capter avec beaucoup de justesse la complicité et les rivalités de l’enfance, puis les déceptions et les deuils de l’âge adulte. Ce n’est pas un énième roman d’un bourgeois nombriliste. C’est un roman universel qui évoque sans pathos la mort et l’amitié comme des épiphanies à la fois solaires et mélancoliques.
Texte et photo : Ismaël EL BOU – COTTEREAU.
Deux petites bourgeoises de Colombe Schneck, éditions Stock (140 pages).