Colombe Schneck revient dans le paysage littéraire avec un roman globalement réussi, mais brouillé par une construction bancale.
Nuits d’été à Brooklyn oscille entre chronique des émeutes de Cron Weights à New York durant l’été 1991 et roman d’amour dans une veine plus classique. Esther, avatar littéraire de Colombe Schneck, débarque à New York pour un stage dans un journal prestigieux après ses études à Sciences Po. Bourgeoise et ambitieuse, elle tombe amoureuse de Frederick, homme noir marié et professeur de littérature spécialisé dans l’œuvre de Flaubert. Les tensions politiques et sociales vont s’entrechoquer avec leur liaison. Dans le quartier de Cron Weights, deux enfants noirs sont tués dans un accident de la route provoqué par un juif orthodoxe. En guise de représailles, un étudiant juif est assassiné en pleine rue. Ce sera le début d’un engrenage d’antisémitisme et d’intolérances entre la communauté afro-américaine et les juifs orthodoxes. Esther va mener l’enquête.
L’écriture presque journalistique peine à convaincre
Ce roman très ambitieux est malheureusement parasité par certaines faiblesses. Colombe Schneck a toujours eu une plume à la fois minimaliste et poétique, notamment dans ses meilleurs livres comme La Réparation ou Mai 67. Mais dans Nuits d’été à Brooklyn, l’écriture, blanche, désincarnée et presque journalistique, peine à convaincre. De plus, l’architecture narrative et l’éclatement des temporalités viennent complexifier artificiellement le roman.
Des personnages profonds et touchants
Colombe Schneck a au moins le mérite d’aborder frontalement et dans toute sa complexité le sujet des violences racistes par le filtre romanesque avec des personnages profonds et touchants, comme Frederick, sans cesse ramené à sa condition d’homme noir : « ne pas parler trop fort, ne pas courir dans la rue sous peine d’être en danger, s’écarter quand il voyait une femme blanche devant lui afin de ne pas l’effrayer, ne jamais se faire remarquer ni risquer d’être arrêté par un policier.
Ismaël El BOU – COTTEREAU.
©Photo Francesca Montovani.
Nuits d’été à Brooklyn (février 2020/Stock). 304 pages.