Samuel Beckett comme personne ne l’a jamais vu

Samuel Beckett était un écrivain discret, peu enclin aux mondanités : ainsi, son personnage a-t-il suscité l’imaginaire de ses lecteurs et des passionnés de son œuvre. Dans L’apiculture selon Samuel Beckett (2011), Martin Page ironise sur la construction de la figure de l’auteur en faisant apparaître un Beckett loufoque, ermite et fantaisiste.

La préface du livre indique que le roman qui suit est un manuscrit retrouvé dans une banque de documents sur Beckett, manuscrit qui aurait été écrit par un assistant dont personne dans l’entourage de l’écrivain n’aurait entendu parler. Cet assistant est bien évidemment fictif, et il permet à Martin Page de s’imaginer aux côtés d’un Beckett dont il réinvente la vie intime.

Par exemple, quand l’assistant se rend pour la première fois chez l’écrivain, c’est un homme barbu et aux cheveux longs qui lui ouvre la porte ; tandis que toutes les images que nous connaissons de Beckett le montrent glabre et le cheveu court. Outre sa pilosité, Page s’amuse à fournir à Beckett un accoutrement atypique, des manies, et un naturel comique quoique réservé dans un premier temps. Dans une drôle de scène, Beckett et son assistant sortent faire les boutiques pour acheter un tas d’objets ayant pour but de brouiller les pistes de ceux qui voudront reconstituer plus tard la vie de Beckett, et c’est ainsi qu’ils se rendent notamment dans un sexshop…

Le roman prend lieu dans une temporalité précise ; celle de la mise en scène d’En attendant Godot dans la prison de Kümla : Martin Page imagine le rapport qu’a Beckett avec ce choix étrange de Jan Jönson, ce qui donne lieu à des conversations avec son assistant fictif sur son œuvre et sur l’art en général, sur la postérité d’un auteur…

Malgré l’étrangeté de ce Beckett, il est étonnant comme on le retrouve pourtant.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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