« Saint-Omer » va au-delà de son véritable fait divers

Réalisé par Alice Diop (Nous, 2020), Saint-Omer va représenter la France aux Oscars 2023. Cette fiction revient sur un infanticide qui avait marqué la France en 2013 : l’affaire de Fabienne Kabou qui avait laissé sa fille de 15 mois sur une plage.

Laurence Coly, une étudiante sénégalaise, est jugée pour avoir noyé sa fille âgée de 15 mois. Saint-Omer retrace son procès à travers le regard de Rama, une écrivaine. Cette dernière est perturbée par l’accusée à qui elle s’identifie étrangement. Laurence semble ne pas savoir pourquoi elle a commis cet infanticide. La romancière est troublée et voit des échos avec sa propre relation avec sa mère et son vécu de femme noire en France.

Une première partie un peu longue

Le procès traîne en longueur par moment, notamment dans le premier jour, avec un quasi monologue de Laurence. Les débats tournent un peu en rond, d’autant que la culpabilité de l’étudiante n’est pas du tout mise en doute. Ce personnage est d’ailleurs difficile à cerner. Il y a toujours une distance à l’image, et même psychologiquement, malgré le fait que Rama s’identifie à elle. Par ailleurs, certains flash-backs sont de trop. 

Une belle mise en scène

Toutefois, la mise en scène de ce drame est une réussite, avec son style épuré qui investit très bien l’espace du tribunal. Notons aussi le beau travail sur les couleurs. Guslagie Malanda, qui incarne Laurence Coly, est incroyable. L’actrice donne vie à un personnage fascinant et intrigant de par son regard. Sa prestation est la grande force de Saint-Omer.

Mathilde BALLU.

Saint-Omer d’Alice Diop, en salle depuis le 23 novembre 2022. Avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville. Durée 2H02.

Mercredi 30 novembre 2022, le Prix Louis-Delluc (surnommée le Goncourt du cinéma) a été attribué aux films « Saint-Omer » d’Alice Diop et « Pacifiction » d’Albert Serra.

 

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