L’objet singulier est un essai philosophique de Clément Rosset paru en 1979 et augmenté en 1985, qui propose une réflexion sur le réel en lien avec la notion de double. Une très bonne lecture pour les amateurs de philosophie qui s’intéressent aux questionnements de la métaphysique.
Le réel est l’objet de prédilection de la réflexion de Clément Rosset. Après Le réel et son double et Le réel : traité de l’idiotie, le philosophe écrit avec L’objet singulier une synthèse des réflexions qu’il a pu mener sur ces questions.
Dans une première partie, Clément Rosset revient sur la question du double, notion problématique et paradoxale : en effet, le réel est ce qui est sans double, il est l’objet singulier : on dit d’une chose qu’elle est telle seulement si par ailleurs il n’y a rien de tel. Or, le double est pourtant le signal de l’être, en ce qu’il en est le modèle : l’expression d’un ceci ou d’un ici se double nécessairement de la suggestion d’un cela et d’un ailleurs.
Pour Rosset, cette aporie est due à l’ontologie classique véhiculée par la métaphysique qui sépare l’existence de l’être : autrement dit, il y aurait la réalité dans laquelle nous vivons, et qui nous interdirait l’accès au véritable Réel, qui nous serait inaccessible. Rosset fonde alors sa propre ontologie où réel et réalité ne sont pas distincts (où la réalité n’est pas le double trompeur du réel), mais où le réel irradie en direction de toute réalité.
Rosset dresse alors la liste non exhaustive des objets considérés comme réels, c’est-à-dire étant singuliers et inidentifiables : l’objet du désir, l’objet effrayant, l’objet cinématographique et l’objet musical.
Enfin, Rosset théorise l’allégresse comme attitude permettant l’appréhension du réel : elle est réjouissance à l’égard du simple. Le réel devient suffisant, et l’on a plus besoin d’en appeler à l’autre, au double, pour en jouir.
Texte et illustration : Charlie PLES.