Rencontre avec Mattt Konture, figure de la BD underground

Figure de l’underground montpelliérenne, Mattt Konture est un auteur de BD dont toute la personne est vouée à la création du bizarre. Il a cofondé la maison d’édition L’Association où il publie ses bandes dessinées. Rencontre avec un artiste qui a choisi l’ombre.

Dans son atelier En traits libres à Montpellier, entouré de ses dessins psychédéliques accrochés au mur, Mattt Konture travaille à sa créature, maigre docteur Frankenstein sous une masse de dreadlocks.

Sa voix est faible et rauque, chaque mot lui pèse, Mattt Konture préfère dessiner. Il n’a pas de feuille devant lui, alors il prend un blanco et dessine un squelette sur la table noire.

Il évoque la naissance de l’Association, les séances de dessins de BD avec les copains, regroupés dans le volume Manga Table ; l’ambiance punk des années 80 où la production artistique souterraine était en effervescence, ou encore, sa sclérose en plaques, qui lui tord les mains et rend pénible l’écriture. L’artiste revient également sur ses premières publications dans la revue Psykopat qui l’ont forcé à sortir de l’autobiographie par pudeur : « J’allais dans le premier kiosque, j’ouvrais la revue et je voyais tout ce que je vivais… c’était un peu trop personnel, ça m’a gêné. »

Une vie passée à dessiner d’abord dans la solitude, puis dans la douleur. Une œuvre colossale, des mers d’encre, des pages remplies comme un fourmillement de nerfs… pour autant Mattt Konture reste un artiste relativement confidentiel.

Il dessinait pourtant avec Lewis Trondheim, aujourd’hui grand nom de la BD en France. « Il a choisi de faire de la BD grand public… tandis que moi non. » Le sourire de Mattt tangue entre la résignation et l’amusement. Difficile de lire autre chose que de l’épuisement dans ce visage tiré dans lequel pourtant demeure la jeunesse. Sous toutes ses « contures », ses cauchemars d’enfants, la créativité de Mattt n’a pas pris une ride.

Il se rend toutes les semaines à la librairie En traits libres, aux côtés d’un tas d’autres artistes amateurs et passionnés pour dessiner des fanzines sur des feuilles d’imprimante pliées en huit.

Texte et propos recueillis par Charlie PLÈS.

Retrouvez l’interview de Mattt Konture ici.

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