Quand les feux des projecteurs réchaufferont-ils nos cœurs ?

Cette question, Lucile, 21 ans, se la pose depuis longtemps. Formée au théâtre de mouvement dans une école bruxelloise, la comédienne mancelle a le sentiment d’un faux départ dans son nouveau métier.

Un entracte qui s’éternise…

Retrouver le public, c’est sûrement ce qui manque le plus à la jeune comédienne. Bien-sûr, les répétitions se poursuivent, les résidences aussi, mais le sentiment qui la tient, c’est de rentrer « dans le milieu de l’art dans un contexte où rien ne se passe ». Au final, c’est le sens même du métier qui disparaît.

Retrouver l’essentiel !

Pour Lucile, une chose est certaine : l’art, les spectacles, c’est essentiel. Pour le public, c’est la possibilité « de découvrir des choses par soi-même ». C’est aussi la rencontre.

Elle, qui ne se définit pas comme artiste mais comme une « travailleuse de l’art », ne sait pas très bien pourquoi elle a choisi d’en faire son métier. Petit temps de pause. Elle sourit.

« C’est une bonne question… J’ai toujours eu besoin de m’exprimer. Une forme de timidité, un renfermement que la scène m’a permis d’extérioriser. Expérimenter toutes les émotions possibles et se surpasser, comme d’autres le font dans leur propre métier ». 

Monter sur les planches, c’est aussi un partage, et une certaine magie qui naît, que la comédienne résume ainsi : « C’est un peu le chaudron de la sorcière. Il se passe des choses, on comprend pas trop quoi ». Ses yeux s’illuminent.

Du pain sur les planches

Lucile se dit inquiète pour la suite. Si les théâtres rouvrent en mai, la saison sera presque terminée, pour laisser la place aux festivals (ceux maintenus). Autour d’elle, elle le voit bien : des collègues comédien.ne.s avaient bien commencé la saison mais ont été obligés de trouver un autre travail, un « boulot alimentaire ». Ils ne vivent donc plus de leur vrai métier.

C’est au final toute une génération d’intermittent.e.s du spectacle qui risque de ne plus pouvoir l’être.

Le concept même de « non-essentiel » est difficilement audible. Pour la jeune Mancelle, c’est un métier passion oui, mais d’abord un métier. Elle se souvient de cette échange avec une dame au marcher :

« Vous ne nous nourrissez pas physiquement mais mentalement » m’avait-elle dit. Ce à quoi j’ai ajouté : Si, ça nourrit aussi des gens. Ca nous nourrit nous, les travailleurs de l’art ». 

Alors que les choses s’accélèrent sur le front de la vaccination contre la Covid-19, publics et professionnels attendent avec impatience de retrouver les spectacles, et avec eux, leurs doses d’émotions et d’évasion.

Adham BNIBOURK.

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