Pourquoi (ré)écouter « Le Petit peuple du bitume » de Daran

D’abord connu dans les années 90 comme le chanteur du groupe « Daran et les chaises », Daran s’est très vite lancé dans une carrière indépendante, loin de l’industrie musicale : une position qui, si elle lui a fermé les portes d’un succès qu’il aurait mérité, lui ont permis de produire une œuvre hors du commun. Voici une présentation d’un de ses meilleurs albums, « Le Petit peuple du bitume de Daran », paru en 2007.

« Le Petit peuple du bitume » est constitué de neuf titres plus une clausule : l’album a la particularité de relier les chansons entre elles par des intermèdes musicaux, si bien qu’il semble avoir été joué en une fois, sans coupure, et être par conséquent une unique et copieuse chanson. Un schéma que Daran a réutilisé dans son dernier opus « Endorphine » (2017).

Les morceaux sont plutôt longs par rapport au format standard de la musique : certains titres comme « Le petit peuple du bitume » et « Caméras de surveillance » approchent les dix minutes ! Pourtant, il est impossible de s’ennuyer à l’écoute de ces chansons.

 Une beauté proche des Fleurs du mal réactualisée dans un monde de plus en plus dystopique

Daran a comme premier avantage sa voix au timbre grave et éraillé et à la maitrise technique impeccable ; il est de ces chanteurs capables d’atteindre les tonalités les plus basses comme les plus hautes. Mais Daran n’est pas seulement chanteur, il est également un très bon parolier et un excellent musicien. L’accompagnement musical participe grandement à l’ambiance des chansons, entre rock et mélancolie, une beauté proche des Fleurs du mal réactualisée dans un monde de plus en plus dystopique. Le son des guitares semble provenir d’un tunnel ou imiter le chant des baleines, et se livrent à des solos qui donnent le frisson (« Mort ou vif », « Le mouvement des marées », …)

Le tout servant des textes poignants sur les troubles de notre monde et sur le malaise d’un être sensible à la beauté sans cesse redécouverte.

Texte et illustration : Charlie PLÈS.

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