Les aventures d’Alice au pays des merveilles (Alice in Wonderland, 1869), de Lewis Caroll, est à la fois un conte pour enfant, un manifeste de l’imaginaire, et une étonnante réflexion métalinguistique.
Alice au pays des merveilles est un court roman qui a marqué son temps par son côté féérique et ses nombreux personnages délirants : si chacun connaît l’histoire d’Alice grâce aux adaptations filmiques, moins nombreux sont ceux qui connaissent l’origine de ce conte ainsi que les secrets qu’il recèle.
Raconter une histoire sans aucune limite imposée par le bon sens
Lewis Caroll était un défenseur de l’imagination, dotée d’un bien plus grand pouvoir créateur que la raison : aussi, lorsque trois fillettes lui demandèrent de leur raconter une histoire lors d’une promenade en barque, l’écrivain improvisa, au grand étonnement de l’ami qui l’accompagnait, les aventures étranges de son héroïne. C’est plus tard que Caroll coucha l’histoire d’Alice sur le papier. Ce roman est donc né de la simple volonté de raconter une histoire sans aucune limite imposée par le bon sens : c’est ainsi qu’ont pu naitre des personnages aussi intrigants que le chapelier fou, le lièvre de Mars, la reine de cœur, la chenille et le chat du comté de Chester.
« Nous sommes tous fous, ici »
Néanmoins, le récit d’Alice est un texte extrêmement travaillé puisqu’il comprend de nombreux jeux de mots qui s’inscrivent dans une profonde réflexion sur le langage et la raison humaine. Un des épisodes le plus célèbres est la rencontre entre Alice et le chat qui lui démontre toute l’absurdité du langage : Alice demande où aller, le Chat demande où elle veut aller ; elle n’en sait rien ; alors peu importe le chemin qu’elle prendra. Le monde des merveilles, pour Lewis Caroll, est donc un monde où règne la folie : « nous sommes tous fous, ici » (« We’re all mad here »), s’amuse le chat.
Texte et illustration : Charlie PLES.