Newark, point d’entrée méconnu des Etats-Unis

Si vous prenez l’avion de Paris pour vous rendre à New York, vous atterrirez à l’aéroport international de Newark-Liberty. Vous vous rendrez alors dans la mégalopole par le premier bus disponible, fuyant la cacophonie du trafic de Newark. Et en ce faisant, vous risquez fort de sortir sans un regard d’un quartier pourtant riche en histoire.

Newark est une ville appartenant à la banlieue de New York. Lorsque l’on se promène dans la ville, les tours de Manhattan apparaissent à l’horizon. Newark vit dans leur ombre, et non leur rayonnement. Pendant longtemps une cité industrielle, versée dans l’aciérie, la maroquinerie et l’horlogerie, Newark est aujourd’hui une ville en crise, pauvre et oubliée des pouvoirs publics depuis des années.

  • Newark a été marquée par la lutte pour les droits des Noirs

Newark a été, durant les années 1970, une ville d’une grande importance pour le mouvement du Black Power, revendiquant la construction d’une égalité véritable entre Blancs et Noirs aux Etats-Unis. Le poète et romancier Amiri Baraka, né LeRoi Jones, y est né. Fondateur du Black Arts Movement, il a centré sa lutte politique à Newark. Il est co-auteur du Peuple du Blues, sur l’histoire des africains-américains et leur musique. Aujourd’hui, le maire de Newark n’est autre que son fils, Ras Baraka, et la majorité de la ville est peuplée d’africains-américains. La lutte protéiforme des Baraka contre la pauvreté et le racisme est constitutive de l’histoire de Newark.

  • Newark a été une ville importante pour la communauté juive

La communauté juive a longtemps habité cette ville. Philip Roth y est né en 1933. Comme de nombreux Juifs à l’époque, il vit dans le quartier de Weequahic, aujourd’hui jouxté par le Weequahic Park. Il appartient à la classe moyenne, et ses parents souffriront des crises successives frappant les ouvriers dans la première partie du XXème siècle : la famille finira par quitter Newark. « Être un Juif de Newark, dans une ville ouvrière où la politique était influencée par différents groupes ethniques, m’a rendu sensible aux perpétuels conflits d’intérêts qui traversent toutes les sociétés humaines. Cela a éveillé le romancier en moi », écrit-il dans Pourquoi écrire ?.

Si vous vous rendez à Newark, observez le street art sur les façades des immeubles : elles portent les souvenirs de ces histoires.

Texte et images : Mathis POUPELIN.

Pour aller plus loin, un documentaire Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/101942-000-A/exclusion-rebellion-affirmation-newark-usa/

Références citées :

-Philip ROTH, Pourquoi écrire ?, Paris, Gallimard, collection « folio », 640 pages, 2019.
-Jacqueline BERNARD, LeRoi JONES, Le peuple du blues, Paris, Gallimard, coll. « folio », 333 pages, 1997.

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