Le consentement : difficile adaptation cinématographique

Jouée en octobre 2023 dans sa version théâtrale à la Scène Nationale du Mans (Quinconces-Espal), le livre Le Consentement de Vanessa Springora connaît désormais une nouvelle adaptation éponyme, cette fois-ci au cinéma. Un exercice périlleux, d’autant que certains éléments d’impacts primordiaux ont été mis de côté.

Le film est tiré de l’histoire vraie de Vanessa Springora, récit par étapes de l’atroce emprise pédophile de l’écrivain adulé Gabriel Matzneff, 50 ans, alors que l’autrice en avait à peine 14.

Si Le Consentement parvient à décrocher des moments à l’ambiance terrifiante parfaitement dosée (grâce à une bonne mise en scène de tensions), on a la sensation qu’une telle histoire ne peut pas être traduite à l’écran, du moins pas de cette manière. Pourquoi ? La raison principale semble être la place que prend l’écrivain criminel dans le film. Pour un tel drame qui ne dit pas vraiment son nom, est-ce que la vraie réussite n’aurait pas été de ne jamais montrer le visage de Matzneff, ou encore, de démonter l’auteur plus subtilement ?

En effet, les parties qui nous saisissent le plus sont les quelques séquences de voix-off, excellentes propositions artistiques, animés par le jeu habité de Kim Higelin (Vanessa Springora). Et si, souvent, les mécanismes de l’emprise et de l’immonde perversité se transcrivent dans les films avec difficulté, il est ici moins simple ni naturel que d’ordinaire, d’être indulgent avec la façon de faire de Vanessa Filho (réalisatrice), bien qu’on puisse lui reconnaître un grand talent technique.

Toutefois, la bonne sélection des séquences à montrer du récit initial fait du Consentement une œuvre particulièrement pertinente dans sa composition et sa structure, ce qui permet de le rendre très accessible et utile aux yeux et oreilles du public. Mais à ce titre, on a toutefois la sensation que certains éléments d’impact primordiaux ont été sacrifiés, notamment sur le plan du déchirement psychologique.

 

Notons tout de même les performances remarquables de Kim Higelin et Jean-Paul Rouve dans ce drame qui aurait peut-être gagné aussi à être un véritable thriller, grand monument dénonciateur des crimes pédophiles de Matzneff à qui il n’aurait peut-être jamais fallu donner un visage.

Djamel FERMIGIER–DUMORTIER.

« Le Consentement », en salles depuis le mercredi 11 octobre 2023. Durée : 1h55.

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