Mon avis sur… : « Les choses qu’on dit »

Dans cette rubrique, je partage un regard sincère sur mes lectures, entre émotion, réflexion et respect pour la plume de chaque auteur. Ce deuxième article est consacré au roman de Mathou, Les choses qu’on dit.

Les choses qu’on dit marque l’entrée de Mathou dans le roman, elle que l’on connaissait surtout pour ses dessins plutôt que pour la cadence de sa prose. J’ai longtemps tourné autour de ce livre avant d’oser l’ouvrir pleinement, puis, une fois lancé, je l’ai refermé moins d’une semaine plus tard avec la conviction d’avoir traversé une belle histoire.

« La vie floute les amitiés et les rend perméables au temps qui passe »

Mathou s’empare de sujets lourds, parfois tus, parfois craints, avec une délicatesse rare : une voix douce, mais ferme ; une clarté qui ne trahit jamais la pudeur. Le récit s’ouvre sur un drame qui fissure le quotidien et fait surgir, un à un, les secrets épais d’une famille. Des secrets qui touchent Léa, l’héroïne, en plein cœur.

Il m’est arrivé, au fil des pages, de sentir le rythme s’assoupir — puis, aussitôt, un nouveau tournant venait réveiller l’élan du récit. Cette respiration douce-amère donne au roman un mouvement vivant, presque organique.

« Un couple, c’est comme un bateau. C’est bâti pour naviguer sur toutes sortes de mers, par tous les temps : une mer calme ou agitée, légèrement rodée ou fortement accidentée »

Il faut aussi dire que derrière les ombres et les fractures, Les choses qu’on dit abrite une véritable histoire d’amour. Elle est là dès les premières pages, portée par un personnage discret, relégué à l’arrière-plan, mais pourtant essentiel : un pilier silencieux, un phare pour Léa, quelqu’un qui lui permet de rester debout lorsque le sol se dérobe. Leur lien, fait de douceur et de retenue, apporte au roman une lumière franche, une chaleur simple, presque ancienne. Et Mathou réussit le tour de force de rendre Léa drôle, parfois au bon moment, parfois au pire — ce décalage, cette maladresse charmante, donnent au personnage une humanité irrésistible.

« Je ne vais pas t’épouser alors que tu as peut-être déjà un pied dans la tombe »

Ce qui m’a le plus frappé, c’est la façon dont l’autrice mêle des thèmes qui, habituellement, ne se croisent pas. Elle aborde Alzheimer, la peur de la maladie, la possibilité d’un cancer, les émotions brutes des moments où tout vacille… et chaque fois, le ton sonne juste. C’est cette justesse, fragile et sincère, qui rend le livre si tendre, si humain, et, oui, profondément addictif.

Texte et photo : Louis LEFÈVRE.

Les choses qu’on dit de Mathou est disponible en librairie. Paru aux éditions Robert Laffont en 2025. 224 pages.

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