« Moi, Tituba sorcière… » : un récit puissant

Maryse Condé, auteure guadeloupéenne récompensée à plusieurs reprises pour ses œuvres, est décédée le 2 avril 2024. Une occasion de revenir en guise d’hommage sur l’un de ses romans les plus connus, paru en 1986 ; Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem, une œuvre puissante et fascinante de par son thème autant que son style.

Un retour à la période de l’esclavage transatlantique

Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem invite le lecteur à se plonger dans la vie reconstituée d’une esclave de la Barbade au XVIIe siècle. Après avoir assisté à la pendaison de sa mère, la jeune Tituba est chassée de la plantation de son maître, puis recueillie et initiée par la guérisseuse Man Yaya.

Maryse Condé a reçu le prix Nobel « alternatif » de littérature en 2018. DR.

Une écrivaine engagée dans la lutte contre le patriarcat et le colonialisme

Le roman de Maryse Condé dépeint le système esclavagiste et ses horreurs à travers le regard et la parole d’une esclave animée par un désir de liberté qui perdure même après sa mort. De ses actes de résistance individuelle à sa participation aux insurrections aux côtés des Marrons, les esclaves en fuite, Tituba ne cesse jamais de plaider pour l’émancipation du peuple noir. Plusieurs femmes l’accompagnent tout au long de sa vie à travers les épreuves qu’elle endure : le roman met ainsi en place un solide réseau de solidarité féminine qui permet à la protagoniste de faire face à la domination masculine.

Une figure historique des procès des sorcières de Salem

Vendue à Samuel Parris, Tituba part pour l’Amérique. La famille Parris s’installe au village de Salem, dont les habitants consumés par la peur se livrent à une véritable chasse aux sorcières. Tituba, simple guérisseuse, mais soupçonnée d’avoir pactisé avec le Diable, est alors accusée de sorcellerie. Maryse Condé propose au lecteur une plongée dans une société américaine puritaine et superstitieuse à travers un personnage victime de persécutions à de nombreux égards.

Alex ALIX.

Maryse Condé, Moi Tituba sorcière… (1986), Gallimard, 1988, 288 pages.

 

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