Michael Haneke, maitre de la psychologie humaine

Réalisateur et scénariste autrichien né en 1942, Michael Haneke est connu pour ses films durs et controversés affrontant les mal-êtres profondément ancrés dans la société et l’humain en général.

Michael Haneke fait ses premières apparitions dans le cinéma à la fin des années 1980, avec Le septième continent. Dans ce dernier, le cinéaste dénonce la société de consommation et la routine régie par la famille, le travail et l’argent. Au sein de ce cycle vicieux et infernal, il expose la disparition et même, la destruction physique et psychologique, de l’individu.

Ses premiers long-métrages sont tournés en allemand, sa langue maternelle, mais, au début des années 2000, Haneke commence à tourner en français. En 2012, son film « Amour », avec Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva dans les rôles principaux, marque les esprits et remporte de nombreuses distinctions dont un Oscar et une Palme d’Or.

Michael Haneke, recevant l’oscar du meilleur film étranger pour le film Amour. DR.

Chacune des oeuvres de Michael Haneke agit comme un miroir mettant en avant, à l’aide de la banale complexité de l’humain que l’on retrouve dans ses personnages, une critique ciblée sur un sujet particulier. Sont ainsi visés dans sa cinématographie : la culture télévisuelle et la banalisation de la violence, le racisme et le passé refoulé, la pression socio-familiale et la névrose sexuelle, ou encore, la vieillesse et la dégradation physique et psychologique.

« Je me refuse à accepter qu’il soit nécessaire d’amoindrir les difficultés et inégalités de la vie afin de consoler les gens. On ne peut être consolé que quand on est touché au plus profond de soi-même » (Michael Haneke)

A la sortie de Funny Games en 1997, les opinions se sont faites très divergentes et le film a suscité de nombreuses critiques amères. Certains l’ont trouvé « extraordinaire », d’autres, au contraire, l’ont qualifié d' »insoutenable ». En effet, ce drame, volontairement choquant, met en scène une famille prise en otage dans sa propre maison par deux hommes et forcée à se soumettre à des « jeux ». Le film, bien que représentant une situation improbable, s’articulait autour d’une violence « réaliste » qui a mis le public mal à l’aise.
Un succès alors, puisque le but de Haneke n’était pas de plaire, mais d’entraîner une réflexion du spectateur sur lui-même. Avec du recul, la sortie de Funny Games pourrait s’apparenter à une sorte d’expérience sociale; en effet, à partir de quel moment la violence n’est-elle plus considérée comme un divertissement ? Quelle conclusion tirer de ce public prenant du plaisir devant ces effusions de violence ?

« Mes films font polémique sur le plan du contenu et de la forme. C’est d’ailleurs devenu un système de classification où l’on me range habituellement. Je n’ai rien contre car je m’y sens à l’aise. Je ne veux pas me laisser absorber par l’industrie du divertissement. » 

Le réalisateur est devenu depuis Funny Games une référence dans le monde du 7e Art. Pourtant, son nom reste plutôt méconnu du grand public, ce qui, lorsque l’on commence à connaître le personnage, n’est pas vraiment étonnant. En effet, plusieurs films lui ont été proposés par Hollywood, mais le réalisateur a toujours refusé.

Yuna PERRIERE.

Le documentaire « Michael H. profession : director »(2013) dont sont tirées les citations ci-dessus, est disponible sur Prime Video. Ses films sont à retrouver sur Mubi et Prime Video. 

Photo de couverture extraite du documentaire Michael H. profession : director »

 

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