Les mémoires de l’ombre : un onirisme riche et maîtrisé

Mémoires de l’ombre (1972) est un texte méconnu d’un écrivain méconnu, Marcel Béalu, dont l’œuvre est marquée par l’onirisme et le fantastique. Ses Mémoires de l’ombre se constituent de cent-vingt très courts récits où se mêlent le merveilleux, la terreur, le grotesque et le lyrisme.

Cent vingt récits qui excèdent rarement deux pages, rassemblés en quatre parties : Plusieurs enfances, Elles et elle, Théâtre souterrain et Le Dormeur debout. Les Mémoires de l’ombre peuvent difficilement être lus comme un roman, ou même comme un recueil de nouvelles, tant les récits sont brefs, presque anecdotiques. On est davantage du côté d’un recueil de poèmes en prose, à l’image de Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand, qui en est probablement la principale inspiration. Ou bien peut-être encore s’agit-il d’un étrange journal intime, ou d’un journal des rêves ?

Une lecture intrigante, à lire de long en large

Car une chose est sure, on plonge ici dans un onirisme riche et maîtrisé, qui ne tombe jamais totalement ou dans le rêve idyllique ou dans le pur cauchemar. Le fantastique, ici, est subtil, et joue de l’ambiguïté de l’émotion, toujours rapportée avec une certaine distance placide, comme si l’on ne faisait que rapporter des faits, malgré l’implication du narrateur à la première personne, ce « Je » qui vagabonde d’un texte à l’autre, qui change chaque fois de visage et reste pourtant toujours le même anonyme.

Une lecture intrigante, à lire de long en large, ou bien à s’offrir comme un espace d’errance, pour nous aussi vagabonder dans ces rêves surréalistes, à la fois angoissants et d’un paisible singulier.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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