L’expérience intérieure de Bataille : riche et difficile

L’expérience intérieure (1943) constitue le manifeste poétique de Georges Bataille, qui voyait dans le langage et dans l’écriture l’occasion d’une expérience du réel. Un livre complexe mais qui permet néanmoins d’aborder le reste de son œuvre.

Cet essai occupe une position centrale dans l’œuvre de Georges Bataille : il y expose l’ambition de son activité créatrice, cette fameuse « expérience intérieure » qui consiste, par un premier mouvement d’immanence, d’exploration profonde de soi, à accéder à la transcendance, au réel, qu’il nomme plus volontiers « l’immensité de la vie ».

L’expérience intérieure est à lire avec concentration, entre littérature, philosophie et mysticisme

L’expérience intérieure est à distinguer de l’extase mystique, où le sujet, par transcendance, devient comme Dieu, c’est-à-dire comme la totalité. Pour Bataille, il n’est pas de totalité, mais une immensité indéterminée, et le mouvement qui permet de l’atteindre ne consiste pas en une élévation du sujet, mais en la destruction de la dichotomie sujet/objet, par l’opération de ce que Bataille appelle le « sacrifice ».

Lecture essentielle donc pour tout amateur de Bataille, car c’est bien dans ces pages que la réflexion que l’on retrouve dans toute son œuvre se déploie, en particulier sa fascination pour l’érotisme qui remplit ses récits et qui a partie liée avec le « sacrifice ».

Tout cela est sans doute un peu obscur ; on repère d’ailleurs l’influence de son ami Maurice Blanchot qui lui-même ne faisait pas dans la pédagogie. L’expérience intérieure est donc un livre à lire avec concentration, entre littérature, philosophie et (bien que Bataille s’en soit défendu) mysticisme, et à compléter avec des lectures d’articles plus éclairants.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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