« L’Été dernier » de Catherine Breillat : cruelles tendresses

Présenté en mai 2023 au 76ème festival de Cannes en compétition officielle, le nouveau long-métrage de Catherine Breillat, L’été dernier, secoue la critique et les spectateurs. La cinéaste signe un drame subtil, entre tendresse et cruauté.

Le retour en force de Catherine Breillat

Ce projet de remake du film danois Queen of Hearts de May-el-Toukhy proposé par son producteur de toujours, Saïd Ben Saïd, a déclenché un nouvel élan chez Catherine Breillat. L’été dernier raconte l’histoire de la sexualité transgressive d’Anne, avocate bourgeoise; sublimée par l’interprétation de Léa Drucker ; avec son beau-fils, interprété avec brio par Samuel Kircher. Ce dernier est fraîchement réintégré à la famille par son père (Olivier Rabourin), qui cherche à renouer avec lui. La cinéaste retrouve une sorte d’équilibre, celui d’un retour aux origines. Elle parvient à renouer avec son cinéma, ses lumières, ses idées. Ces refus de nous donner un contrechamps, cette « ultra-intimité » qu’elle affectionne, la précision de la composition des plans et le rythme ultra-cadencé du film nous aspire tout entier dans l’écran et nous fait prisonnier du cercle vicieux des protagonistes.

Un cinéma dissonant, méticuleux, malaisant

Dix ans après Abus de faiblesse (2013), la réalisatrice française controversée ne manque pas son retour parmi les grands noms de cette rentrée cinéphile. Toujours aussi subtile dans son approche de la sexualité au cinéma et dans la dissection des désirs et des passions humaines, la metteuse en scène signe une de ses œuvres les plus justes, à l’essence du cinéma qu’elle s’attache à transmettre depuis ses premiers courts métrages.

La photographie signée par Jeanne Lapoirie troue l’écran par son utilisation méticuleuse de la lumière naturelle et la sublimation des ombres dans les scènes nocturnes, polarisant constamment la culpabilité et la monstruosité de ces deux personnages, qui laissent forcément des traces, des éclats de lumière, cognant contre la rétine sidérée du spectateur.

Appuyé sur une bande origine dissonante (allant de Sonic Youth et Body/Head à Léo Ferré), déliée du récit, comme pour appuyer sur le malaise liant indéfectiblement ses personnages et ses spectateurs, le film réussit autour des passions interdites et de la transgression un miracle de tendresse et de cruauté.

« L’Été Dernier » de Catherine Breillat, en salles depuis le 13 septembre 2023. Durée: 1h44. 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *