Si Emile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.
Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.
Nana est l’un des personnages les plus emblématiques de la saga des Rougon-Macquart !
Le roman, sorti en 1880, suit donc l’ascension dans le milieu mondain parisien d’Anna Coupeau, fille de Gervaise Macquart. D’abord miséreuse et incapable de nourrir son fils sans père, elle gravit bien vite les échelons en tant que comédienne ; dénuée de talent, ses capacités de séduction lui permettent de s’attacher des amants puissants et riches qu’elle asservit et qu’elle dépouille de leurs biens.
Nana est comme la déesse vengeresse qui rétablit un certain équilibre des destins
Ce qui est brillant dans le personnage de Nana, c’est qu’elle est terriblement attachante pour le lecteur alors même qu’elle apparaît comme une véritable calamité, voire une peste qui dévore Paris, en aspire toute la sève pour réduire toutes ses puissances à néant. Une peste qui finira par la dévorer de l’intérieur dans son déclin et sa fin tragique dont la vision est vraiment éprouvante ; toute la corruption où elle a entraîné ses amants lui resurgit sur le corps.
Sorte de punition divine, donc, mais qu’elle incarne elle-même parmi la mondanité parisienne ; issue de la branche Macquart, qui souffre depuis un demi-siècle de la pauvreté et du mépris des puissants, Nana est comme la déesse vengeresse qui rétablit un certain équilibre des destins.
Un pouvoir dévastateur trop lourd pour son âme de gamine
Quitte à entraîner dans une folie destructrice des personnages comme le Comte Muffat ou le petit Georges, qui, rendus fou d’amour, jetteront des ombres sur le monde tout rose de Nana.
Dôtée d’un pouvoir dévastateur trop lourd pour son âme de gamine, Nana est dévorée par sa propre puissance ; mais elle aura entraîné avec elle tout ceux qui auront bu le sang de ses pairs depuis des décennies.
« Quel bouquin ! », jugeait Flaubert.
Texte et illustration : Charlie PLES.