Si Emile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.
Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.
Après la campagne et la nature luxuriante de L’abbé Mouret, on change radicalement de décor avec Son Excellence Eugène Rougon, publié en 1876, puisqu’on y suit le fils aîné de Pierre et Félicité Rougon, Eugène, devenu ministre dans le gouvernement du Second Empire.
Surnommé « le grand homme », Eugène défend un pouvoir autoritaire dans des discours aussi brutaux qu’éloquents. On comprend bien vite que pour Eugène, l’humanité se divise en deux catégories : ceux qui ont le pouvoir, et ceux qui le subissent.
On a suivi son ascension à travers les romans précédents, ses différents manigances pour amener sa famille au pouvoir à Plassans, pour enrichir son frère Aristide… Mais tombé en défaveur, Eugène fait le choix de démissionner : c’est alors le début d’un cirque satirique qui défile. Eugène est entouré par une bande de courtisans qui cherchent à le ramener au pouvoir pour pouvoir profiter en retour de ses faveurs. À la tête de cette bande, la belle et sournoise Clorinde, elle aussi avide de pouvoir et qui, constatant les sentiments qu’Eugène éprouve à son égard, l’exige en mariage.
Une relation étrange, à la fois passionnelle et malsaine
Par peur, Eugène refuse, et la marie à un de ses sbires. Clorinde se vengera en entretenant une liaison avec son adversaire politique à qui elle fera gravir les échelons, et même à finir dans les bras de l’empereur lui-même, tandis que coule Eugène…
Cette relation étrange entre Eugène et Clorinde, à la fois passionnelle et malsaine, est au cœur de ce roman qui dépeint toute l’hypocrisie et la violence du pouvoir sous le Second Empire.
C’est aussi le portrait d’un des plus effrayants personnages des Rougon-Macquart.
Texte et illustration : Charlie PLES.