LES ROUGON-MACQUART, ép.18 : L’Argent

Si Emile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.

Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.

L’Argent (1891) prend place dans le milieu des spéculateurs financiers. On y retrouve Aristide Saccard, protagoniste déjà présent dans La Fortune des Rougon, La Curée, et évoqué dans La Joie de vivre. C’est sans doute le personnage le plus récurrent de la saga, mais il n’apparaissait jamais comme personnage principal.

Et s’il peut y prétendre dans L’Argent, il doit cependant partager le rôle avec Caroline Hamelin, personnage plus complexe que ne l’est Aristide, puisqu’on constate une évolution de son rapport à son environnement. Une certaine prise de conscience l’amène à s’interroger sur la nature de Saccard, qu’elle trouve de plus en plus monstrueux alors même qu’elle en est amoureuse.

Le monstrueux, au sens de l’altérité horrible et au sens de la démesure, est précisément l’objet de ce roman. Puisqu’il est toujours traité au second plan, le personnage de Saccard n’est jamais présenté à l’empathie du lecteur. Il y a chez Saccard, dans cette soif inextinguible d’argent, quelque chose d’inhumain, mais cette humanité est précisément démontrée comme étant une tare humaine.

L’avarice destructrice, ce monstre qui s’autodévore, prend le visage de Saccard, qui incarne en fait tout un système, celui de la spéculation financière, monstre sombre dont la croissance protubérante le mène à un effondrement qui ensevelira tout un monde.

L’argent qui se nourrit de l’argent, c’est l’abomination terrée dans toutes les institutions du Second Empire ; il est là, le terrible Ennemi de toute la fresque des Rougon-Macquart.

Et tandis que le grand engloutissement se prépare, s’enfuit Victor, fils caché de Saccard, créature du vice, évadé qui erre quelque part comme une créature de Frankenstein.

Texte et photos : Charlie PLES.

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