Après le succès de sa chanson Séduction en 2018, Joanna sort à seulement 22 ans un premier opus prometteur qui déploie un R’n’B poétique et sombre.
Sérotonine se présente comme un album concept qui décortique méthodiquement les étapes d’une relation amoureuse en 14 chansons, de la séduction à la lassitude. Un sujet très banal, vu et revu, mais que Joanna aborde avec sa propre sensibilité et ses diverses influences (Mylène Farmer, Lana Del Rey, ou encore, Fka Twigs et Björk).
L’album encapsule différentes tonalités et émotions comme autant de « fragments d’un discours amoureux »* modernes et universels. On passe de la splendide ballade romantique, Un goût de fraise, dont les paroles frôlent parfois une mièvrerie qui sonne juste, à des sonorités à la fois R’n’B et trap avec Viseur, ou encore, Démons – duo très réussi avec la rappeur Laylow. L’impeccable cohérence du projet est toutefois fragilisée par certaines chansons dispensables à l’image de Désamour dont la production très lisse donne l’impression d’un magma mainstream entre Sheryfa Luna et Vitaa.
Joanna manie habilement les codes du R’nB et de la pop
Malgré ces quelques sorties de route, Joanna parvient à manier habilement les codes du R’n’B et de la pop en y injectant une sorte d’inquiétante étrangeté Courir après et une sensualité assumée Sur ton corps. En plus de chansons très réussies, la jeune artiste concrétise son goût pour la mise en scène et la poésie dans ses vidéos. Après le clip très remarqué de Démons, à l’atmosphère sombre et suffocante, c’est celui de Sérotonine qui retient l’attention. Riche références picturales et cinématographiques, le clip sert somptueusement la chanson éponyme de ce bel album.
Ismaël EL BOU – COTTEREAU.
« Sérotonine » de Joanna, disponible depuis le 7 mai 2021 (14 titres, 40 min).
Crédit photo : Emma Panchot.
* livre de Roland Barthes.