L’Erotisme de Bataille : une quête de l’impossible

Georges Bataille est un écrivain dont l’œuvre est difficile à définir, tant ses écrits littéraires sont liés à une philosophie qu’il a développée tout au long de sa vie ; cette philosophie de Bataille est héritée de ses lectures de Nietzsche, influence particulièrement visible dans son essai L’Erotisme.

Dans L’Erotisme se développe la conception métaphysique qu’a Bataille du désir humain, et plus généralement de ce qui le conduit à l’expérience intérieure, qui constitue l’objet d’un autre de ses essais.

La métaphysique (qui ne porte certes pas ce nom dans la bouche de Bataille mais qui se trahit dans son mysticisme et dans son obsession de l’être, de soi au sein de l’univers) de notre écrivain est fondée sur un principe proche de celui de son père spirituel Friedrich Nietzsche, à savoir que la vie est primordiale et qu’elle est seule créatrice de valeurs. Il s’agit donc d’un abandon de la morale et de tout système arbitraire pour un retour à la sensibilité (au sens de rapport au monde) primal, vécu dans la chair, (et au-delà chez Bataille).

La vie, chez Bataille, est davantage de l’ordre de la vie intérieure, qui surpasse et transcende la vie animale

Mais cette suprématie de la vie diffère chez le philosophe allemand et l’écrivain français ; si chez Nietzsche, la vie précède le monde humain (c’est-à-dire la société civile, le langage etc), la vie, chez Bataille, est davantage de l’ordre de la vie intérieure, qui surpasse et transcende la vie animale, vers un impossible à penser qui peut se traduire, dans la recherche de la langue, dans le travail des mots, en bref dans la littérature, par l’indicible.

Ainsi l’accomplissement humain pour Bataille s’atteint par ce qu’il nomme le « sacrifice », l’abandon du travail pour la fête, l’activité souveraine ou désœuvrement (acte ou plutôt non-acte qui se suffit à lui-même), et qui mène à l’état-limite qu’est l’expérience intérieure. L’érotisme serait une des formes de la fête, une transgression de l’interdit qui permettrait d’outrepasser les bornes qui nous séparent de l’impossible.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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