L’enfant, la grand-mère et la misère

Écrivain aux multiples facettes, Romain Gary (1914-1980) a écrit La vie devant soi en 1975. Il y raconte l’histoire d’un enfant, Mohammed. Perdu dans la pauvreté parisienne, il cherche à accompagner une vieille femme dans ses dernières années de vie. Publié sous le pseudonyme d’Emil Ajar, le livre a reçu le Prix Goncourt.

Un enfant perdu dans le présent et qui ne sait rien de son passé

Le personnage de Mohammed est trouble. Il ne sait rien de ses origines. Il a été laissé chez Madame Rosa, une ancienne prostituée qui s’occupe des enfants indésirés du quartier. Il n’est même pas certain de son âge. Il s’étonne qu’on le catégorise arabe et musulman, alors que personne ne semble savoir d’où il vient, ni de qui il tient.

Le monde dans lequel Mohamed évolue est marqué par un profond communautarisme

Le monde dans lequel il évolue n’est pas plus stable. On y retrouve la misère, caractérisée par la prostitution et l’entraide nécessaire à la survie entre certains habitants du quartier. On y observe également un communautarisme. exacerbé. Ce communautarisme véhicule un large panel de clichés racistes, une ségrégation spatiale claire, mais également, des drames historiques. Madame Rosa est une juive, survivante d’Auschwitz.

Un récit racontée à hauteur d’enfant

Ce roman est écrit dans un style particulier, retranscrivant la logique d’un enfant de dix ans. Cela rend souvent la lecture amusante, presque absurde. Certains mots changent de signification. Et dans la l’esprit d’un môme qui ne connaît que la misère, la vie est connotée négativement, la mort est une libération. La « vie devant soi » n’apparaît alors plus comme un don, mais un châtiment.

Texte et photo de couverture : Mathis POUPELIN.

La vie devant soi, de Romain Gary (Emil Ajar), 275 pages.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *