Le roman classique et burlesque de Scarron

L’écrivain Paul Scarron a passé les meilleurs moments de sa vie douloureuse dans une ville qui resta à jamais sa ville de cœur : Le Mans ! C’est d’ailleurs ici que se déroule l’action de son œuvre notoire, Le Roman comique (1651).

A l’époque, ce titre a une fonction oxymorique : en effet, le roman est réservé, au siècle du classicisme, aux personnages nobles aux grands exploits et aux sentiments grandioses proches des tragédies de ce siècle. Rien de bien comique, donc…

Mais Paul Scarron élabore le projet d’un roman dont les personnages seraient davantage propre à la comédie : une troupe de comédiens, justement ! Ces derniers sont désignés par des surnoms qui donnent un aperçu de leur personnalité : le Destin, qui parodie les héros de tragédie ; la Rancune, pernicieux et farceur ; La Caverne, mère de la jeune et belle l’Etoile ; et bien sûr, le personnage le plus emblématique du roman : Ragotin, le bouffon satyre et martyre.

Scarron n’a pu achever cette œuvre incontournable

Pour être sincère, Le Roman Comique n’est pas un livre facile à lire et demande une implication de la part du lecteur ; entre les nombreux récits enchâssés qui ponctuent le récit principal et le style extrêmement soutenu et complexe de Scarron, la progression de la lecture peut être difficile, tout ça pour découvrir que l’auteur est mort avant d’avoir fini son œuvre ! (Certaines éditions ajoutent à la suite du texte les fins écrites par d’autres auteurs à partir du roman de Scarron). De plus, le comique, s’il est présent à de nombreuses reprises, n’est accessible que par ceux qui possèdent une certaine sensibilité au burlesque (des gags idiots rapportés dans un style élevé).

Néanmoins, ce roman reste un incontournable en ce qu’il s’érige en chef-d’œuvre de style classique tout en brisant les codes de la forme romanesque de l’époque.

Texte et illustration : Charlie PLÈS.

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