Le Rapport de Brodeck (2007) est un ouvrage de Philippe Claudel qui a reçu de nombreux prix dont le prix Goncourt des lycéens 2007, et a été adapté en bande dessinée par Manu Larcenet (cf Le Rapport de Brodeck, un conte sur la folie humaine – Vitav ). Roman sur la mémoire et le récit, Philippe Claudel nous emmène dans un univers sombre, celui des hommes face à leur histoire.
Brodeck est un rescapé des camps de la mort qui est revenu dans son village perdu en montagne et l’a retrouvé défiguré par la peur et la haine qui se sont immiscées dans les veines des habitants. Survient alors l’Anderer, l’étranger, qui va susciter fascination et méfiance et conduira les villageois, confrontés à leur propre image, à commettre l’irréparable. Brodeck est chargé d’écrire le Rapport qui justifiera l’acte ignominieux. Il choisit d’écrire, en parallèle et en cachette, ce qu’il croit être la vérité : le manuscrit que le lecteur tient dans ses mains.
Un roman pessimiste, mystérieux et glaçant
Philippe Claudel parvient à merveille à construire une tension narrative par un récit fragmentaire, construit sur trois temporalités ; le cauchemar qu’a vécu Brodeck au camp, le séjour de l’Anderer au village, et la rédaction de Brodeck après l’Ereignies, le terrible acte des habitants.
Brodeck semble désespérément seul au milieu d’un monde sans lumière, peuplés de monstres humains ; la violence des villageois n’est jamais frontale, elle est insidieuse, menaçante, elle est une ombre qui plane sur Brodeck, et dont il révèle la face monstrueuse à la lumière de ses souvenirs des camps de la mort.
Là où l’homme a tout sacrifié à sa part de ténèbres, il ne reste que l’échappatoire du récit pour essayer de faire advenir ce qui reste d’humain.
Roman pessimiste, mystérieux et glaçant, dont la fin permet tout de même le retour de l’espoir.
Texte et illustration : Charlie PLÈS.