Dans son roman La plus secrète mémoire des hommes, paru en 2021 et lauréat du prix Goncourt la même année, Mohamed Mbougar Sarr signe un de ces grands livres qui parle à tous, mais surtout à chacun, comme s’il n’avait été écrit que pour le lecteur, personnellement, en aparté. Le romancier raconte l’Afrique, l’Amérique du sud, la France sous l’Occupation et se livre à un remarquable exercice de style.
Le protagoniste, Diégane Latyr Faye, un écrivain en devenir, est à la recherche de T. C. Elimane, un auteur mythique à l’origine d’un livre transcendant : Le Labyrinthe de l’inhumain. Aujourd’hui disparue, cette œuvre est à l’origine d’un bouleversement littéraire et ne laisse personne indifférent. La redécouvrir pourrait signifier beaucoup pour le monde culturel, mais pas que…
Pour retrouver sa trace, Mbougar Sarr fait voyager son écrivain, et donc ses lecteurs, dans tous les recoins de la planète, mais aussi, dans les plus lointaines contrées de la littérature.
Une mise en abyme magistrale
Dans l’œuvre, le lecteur découvrira d’autres romans qui sont au cœur du roman (oui, c’est complexe) et même un ouvrage biographique entier qui vient enrichir l’histoire.
Un tsunami littéraire époustouflant… mais déroutant
Mohamed Mbougar Sarr se livre à un exercice de style audacieux. Entre une riche palette d’expressions, de nombreuses références et un vocabulaire alambiqué, le lecteur se retrouve souvent submergé et, au détour d’une phrase, très vite noyé.
Dans La plus secrète mémoire des hommes, la simplicité est proscrite. Ici, les phrases à rallonge sont communes. Celles de moins de cinq lignes deviendraient presque rares au milieu de celles qui durent trois pages. Pire, lorsque des protagonistes sont en proie à des maladies psychotiques, le style littéraire s’en fait ressentir. Ainsi, un chapitre peut facilement ne contenir qu’une seule phrase.
Ce roman épatant n’a pas volé son prix Goncourt, loin de là.
Texte, photo et illustration : Julian ATZENHOFFER.
La plus secrète mémoire des hommes, 2021, Mohamed Mbougar Sarr, publié aux éditions « Philippe Rey et Jimsaan », 461 pages.
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