L’ancienne chocolaterie « Le Lait du Maine », spécialisée dans la production industrielle du chocolatier Vinay, regroupait autrefois 120 ouvriers. Fermée en 1955 et depuis à l’abandon, cette usine disparaît jour après jour, enfouie sous la végétation.
Une histoire endormie qui contraste avec la ville en éveil
A son lancement en 1941, l’usine et son moulin d’eau étaient consacrés à la transformation de deux produits régionaux : les pommes et lait. Le secteur de la compote fut rapidement laissé de côté pour travailler le lait sous différentes formes. En 1943, une laiterie adjointe fut construite, avec de nombreux équipements modernes, dont une tour d’atomisation en ciment pour faire du lait en poudre. Au total, ce sont six bâtiments, construits chacun avec une vision moderne de l’industrie et des machines, qui constituent Le Lait du Maine.
Un bel avenir économique aurait pu attendre cette usine, mais à cause des nombreux projets et mauvais investissements des dirigeants, plusieurs problèmes ont été recensés, tels que le mauvais assemblage des boîtes de lait concentré et un souci avec l’étiquetage des produits, ce qui a demandé un travail manuel supplémentaire après le passage des machines. Malgré tout, la production resta active : beurre, crème, lait concentré, petits suisses, yaourts, lait, chocolat, café en poudre, biscuit.
Les contrôles de qualité et de sorties étaient mal organisés : les employés avaient le droit de rentrer avec un litre de lait chaque soir, mais la plupart sortaient de la marchandise ou même de l’essence provenant de l’usine et des pompes. A ce rythme, l’entreprise Le Lait du Maine a vite couru à sa fin.
En 1951, le patron fait l’objet de nombreux procès à cause d’un manque de contrôle concernant la qualité de la marchandise. En 1952, l’usine est en pause totale : les ouvriers n’ont plus de travail à faire et beaucoup d’entre eux partent chez Renault ou à la Cartoucherie. Après des années sur le fil, le patron est mis en prison en 1955, et l’usine fait officiellement faillite. Elle est donc laissée à l’abandon avant de se faire piller.
En voyant ce paysage devenu ruine et ces bâtiments encerclés par la végétation, qui pourrait croire qu’était autrefois installée ici une chocolaterie ?
Un lieu propice à l’exploration urbaine
Dans ce paysage intime, la nature fait la loi face aux constructions de l’homme laissées à l’abandon. Les vitres sont cassées, les murs, le sol et les plafonds sont fissurés et bien souvent effondrés au milieu de la pièce. On y trouve encore les machines de l’époque, le matériel utilisé, les outils, les caisses, les conserves, les emballages, en symbiose avec la nature.
L’endroit se prête à l’exploration urbaine. Franchir l’interdit permet de découvrir une histoire qui ne s’apprend pas sur Internet, et d’observer les choses, les toucher, et lire dans le passé et découvrir une histoire endormie placée à côté d’une ville en plein éveil.
Texte et photos : Mathys PARIENTE.
Ou se situe cette usine ?
aucune idée