La trilogie de Beckett (1) : Molloy

Cet article ouvre une mini série sur la « trilogie romanesque » de Beckett qui comprend Molloy, Malone meurt et L’Innommable. Si Beckett est surtout connu pour sa pièce de théâtre En attendant Godot, ce génie irlandais qui se traduisait lui-même en français a touché à tous les genres littéraires, les renouvelant chaque fois par son style et son approche très particulière de la littérature.

Molloy est donc le premier roman de ce qu’on a appelé « la trilogie romanesque » : en effet, ces trois ouvrages s’articulent par un mouvement de chute toujours plus accentué, une catabase du narrateur pris dans une dynamique paradoxale de disparition et de réaffirmation constante ; Les Editions de Minuit proposent d’ailleurs un parallèle avec La Divine Comédie de Dante qui a beaucoup inspiré Beckett.

Des personnages aux allures de pantins granguignolesques

Dans la première partie du livre, on suit Molloy, un béquillard qui cherche à se rendre chez sa mère ; le narrateur est Molloy lui-même, qui rédige un rapport pour une mystérieuse instance, parfois « lui », parfois « eux », dont le motif récurrent reviendra à chacun des romans de la trilogie. Molloy ne semble pas se rappeler du chemin pour se rendre chez sa mère, et il s’égare dans un monde qui lui paraît, et nous paraît toujours étranger, où les personnages apparaissent comme des pantins granguignolesques. Mais le plus drôle, le plus triste de ces personnages, c’est sans conteste Molloy lui-même, en proie à une perte d’identité toujours plus accentué, et qui finit son voyage en rampant.

La deuxième partie du roman suit l’enquête de Moran, chargé par un certain Youdi de retrouver Molloy. Il part avec son fils, avec ses deux jambes, mais finira par ressembler de plus en plus à celui qu’il devait retrouver ; le voyage, la quête de l’autre, c’est finalement la quête de soi.

Les dernières lignes du récit, enfin, mettent en évidence le rapport d’amour/haine qu’entretient Beckett pour sa fiction.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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