« La place », l’œuvre transfuge d’Annie Ernaux

Annie Ernaux a reçu le prix Nobel de littérature en 2022. Vitav revient sur une de ses œuvres majeures, La place, un ouvrage publié en 1983.

Dans La place, Annie Ernaux revient sur ses origines sociales. Le roman s’ouvre sur la mort de son père qui va la faire replonger dans le passé de ses parents et le sien. Ecrivaine, féministe et transfuge de classe, l’autrice raconte la France provinciale, son enfance à « Y… ». La classe populaire est le sujet central du récit. Cette classe sur laquelle la romancière a écrit dans son journal intime à 22 ans, « j’écrirai pour venger ma race ». Elle y ajoutera « et venger mon sexe ».

Un style d’écriture synthétique

La lauréate du Prix Nobel de Littérature en 2022 a le verbe précis. Elle écrit de manière synthétique et efficace. Ce style est peut-être lié à ses origines sociales où l’on parle sans envolée lyrique. Il s’agit pourtant bien de littérature. Annie Ernaux utilise une langue complexe qu’elle sait rendre accessible à toutes et tous.

Un roman sur la classe populaire

L’écrivaine parle donc de cette race qu’elle voulait venger. C’est la transfuge qui écrit, elle se regarde face à ses origines sociales. Au moment où la greffe avec la bourgeoisie prenait est venu le rejet de ses origines. Ce conflit intérieur prend la figure de son père. Ils deviennent des extraterrestres l’un pour l’autre, ne parlent plus le même langage, appartiennent à deux mondes différents.

Un livre qui parlera à toutes et tous

Ce roman d’Annie Ernaux parlera à tous ceux qui se sont sentis un jour en dehors, entre deux mondes. Les jeunes adultes et adolescent s’y retrouveront. Les moins jeunes aussi, c’est le roman de la maturité, de l’âge ou l’on fait l’état des lieux autour de soi. La place est transgénérationnel.

La place est l’un des nombreux chefs-d’œuvre d’Annie Ernaux. Comme souvent chez elle, il s’agit d’un roman intime, autobiographique. Ce livre à une forte dimension sociale nous permet de mieux comprendre l’une des grandes figures de la littérature contemporaine.

Enzo HUBERT.

La place d’Annie Ernaux, éditions Gallimard, 1983 (125 pages).
À lire aussi, le discours d’Annie Ernaux devant l’Académie du Nobel.

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