La noblesse des idéaux face à la vacuité du pouvoir

Paru lors de la rentrée littéraire de 2018 et réédité en poche, Les Idéaux, d’Aurélie Filippetti est un roman puissant et glaçant sur les arcanes du pouvoir, dans lequel vie privée et vie publique sont intimement mêlées. 

Ancienne députée et Ministre de la Culture de François Hollande, l’auteure n’a pas choisi la voie classique du témoignage ou de l’essai pour raconter son expérience du pouvoir. Avec Les Idéaux, elle investit pleinement les territoires du romanesque avec pour fil conducteur une très belle et complexe histoire d’amour entre une femme politique de gauche et un politicien de droite. Loin d’être une mièvre bluette sentimentale, cette histoire, au cœur de la première partie du roman, est une confrontation deux milieux sociaux, mais c’est bien cette différence qui les attire. Chacun à leur tour, ils seront tiraillés entre la loyauté et les idéaux. 

Un miroir intéressant et effrayant de la vie politique française

En marge de la relation sentimentale, le roman pose un nouveau regard sur le monde politique. Le lecteur reconnait ici ou là certaines personnes de l’univers politique actuel, certains événements des précédents quinquennats. On retrouve le double littéraire d’Aurélie Filippetti, mais ce n’est pas le plus important. Le miroir qu’elle tend à la vie politique française est particulièrement intéressant et effrayant, faisant ainsi écho aux questions soulevées par la série « Baron noir ». L’affadissement du débat public, l’ivresse du pouvoir qui corrompt, l’avènement du cynisme, synthétisés dans un dialogue glaçant avec une jeune communicante durant la campagne électorale.

On peut parfois reprocher à Aurélie Filippetti certaines facilités dans la structure de l’intrigue et l’écriture, mais elle signe un roman passionnant et nécessaire. 

Les Idéaux, Le Livre de Poche, 384 pages. 

Ismaël EL BOU – COTTEREAU.

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