Depuis le 11 janvier à l’Espal, l’artiste équatorienne Estefanía Peñafiel Loaiza expose le fruit d’une composition et d’une recherche de plusieurs années. Elle convoque son passé familial et celui de dizaines de femmes : militantes, anti-colonialistes, vedettes ou anonymes. Des figures effacées, que la plasticienne diplômée des Beaux-Arts de Paris a à cœur de mettre à l’honneur.
C’est l’histoire de Myriam, 25 ans, tante de l’artiste, qui, un jour de janvier 1981, prend un bus pour se rendre en Colombie. Elle dit alors à sa famille qu’elle se rend en Europe pour étudier. Commence alors l’entreprise d’un mensonge : Myriam n’ira jamais en Europe car elle a rejoint un collectif révolutionnaire colombien. Symbolisant sa clandestinité, elle devient ainsi Carmen et envoie à sa famille des lettres sur son prétendu quotidien en Europe.
Ses proches finiront par apprendre son assassinat, entouré par le silence et le trouble, dans le contexte des dictatures sud-américaines des années 1980. Estefanía Peñafiel Loaiza a fait un travail de recherche absolument colossal en arpentant le souvenir de sa tante, avec l’objectif de faire résonner plus que jamais sa mémoire, en recomposant les archives, et notamment les fameuses lettres narrant les voyages jamais effectués de sa regrettée tante.
Archives vidéo de manifestations, écrits en espagnol, sublimes compositions photographiques
L’exposition, par la variété de ses représentations, par la puissance de son fond et par l’ambiance générale qui l’occupe est d’un grand intérêt artistique, politique et culturel. On y retrouve des archives vidéo de manifestations, des écrits en espagnol, de sublimes compositions photographiques, picturales,… Et le tout est au service d’un message nécessaire, à l’amplitude folle, sur la force ou plutôt les forces de la multiplicité et de la lutte féministe et féminine.
Le nombre infini d’interprétations universelles ou personnelles qui en ressort est particulièrement stupéfiant, nul doute que vous en discuteriez longuement à votre départ, tant avec vos proches, avec des inconnu·e·s mais aussi et surtout, avec vous-même…
Textes et photos : Djamel FERMIGIER-DUMORTIER.
L’exposition “… Et un peu de nous toutes” est visible jusqu’au 21 mars 2024 à l’Espal, 60-62, rue de l’Esterel, au Mans, aux horaires d’ouverture et avant les spectacles. Gratuit. Informations sur des visites guidées et commentées ici